Idées
Cautions en douane : la curée
Le Marocain lambda a appris avec stupeur, lors de la campagne d’assainissement, que d’autres Marocains se faisaient des milliards grâce aux facilités douanières, les fameux régimes économiques en douane. Ainsi, des professeurs de poésie ne parlaient plus que de crédit d’enlèvement, admission temporaire, etc.
On a cru l’affaire close, elle revient dans des proportions gigantesques. La collusion est probable, la défaillance organisationnelle est établie. De quoi s’agit-il ? de trois niveaux de fraude différents :
– Les apurements fictifs. Il s’agit d’entrer dans les comptes de pseudo-exportateurs des exportations imaginaires pour effacer les importations faites sous le régime de l’admission temporaire et écoulées sur le marché local. Cette fraude est impossible sans complicité douanière. Elle existe, elle est établie par les services internes de la douane.
– Les cautions mutuelles évaporées. Suite aux effets néfastes de la campagne dite d’assainissement et dans le but d’alléger les frais financiers de certains secteurs, en particulier le textile, la douane a accepté le principe du cautionnement mutuel sans garde-fou ! Ainsi, les sociétés x et y se cautionnent mutuellement puis disparaissent dans la nature. Elles ont, de par la loi, deux ans et demi pour procéder à ce petit jeu, réaliser un maximum d’affaires. Une fois les efforts de recouvrement mis en branle, on tombe sur des SARL dont le gérant est une bonne, une femme au foyer voire un handicapé mental. L’homme d’affaires, le vrai, a disparu. La douane n’a plus que ses yeux pour pleurer.
– Le troisième cas est encore plus surprenant : les cautions bancaires falsifiées. La douane a accepté des cautions bancaires sans vérifier la qualité des signataires et leurs signatures. Or, toutes les banques déposent des spécimen de signature auprès de toutes les administrations.
– Le préjudice global serait de 1 milliard de DH. Que fait M. Laalej, le nouveau patron de la douane ? Il commence par démentir, avant que de reconnaître un préjudice établi de 220 millions de DH. Puis il sévit. Contre qui ? Contre un receveur qui avait dénoncé l’organigramme de Casa-port qui détruisait la cellule caution bancaire et déresponsabilisait tout le monde, et contre les cadres associatifs. Le premier est relevé de ses fonctions, les autres sont jetés aux quatre coins du pays.
Mesure disciplinaire parce qu’ils seraient responsables des fuites dans la presse. On attendait autre chose de M. Laalej qu’une telle fuite en avant, injuste et surtout inefficace. Il est responsable des deniers de l’Etat et sa première mission est de les protéger. Ses services ont montré des lacunes organisationnelles, ces lacunes sont suspectes car trop flagrantes.
Les mafias redoublent d’effort car le démantèlement douanier tarit peu à peu la source, ils n’en ont plus que pour quelques années, d’où leur prise de risque maximale. C’est ce à quoi un «grand commis» ou supposé tel doit s’atteler, pas aux petites vengeances mesquines. 1 milliard de DH, cela représente 5 000 logements économiques. La curée doit cesser, et, tout de suite