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Idées

A ceux qui comptent, les banques prêtent sans compter !

L’affaire des commissions n’est
qu’un élément du dossier
plus large de l’indispensable amélioration des relations entre
les banques et leurs clients, notamment au travers de la soumission des banques au droit
de la consommation.

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Moi je trouve qu’il faut plaindre les banques… Bien sûr, elles nous font payer hors prix des «services» qu’on ne leur a pas demandés et dont on n’a nul besoin… Bien sûr, en cas de litige, leurs juristes nous sortiront toute une liste de règlements pour nous prouver que tout est de notre faute… Tout cela est normal. Elles n’ont pas vraiment à  courir après le petit client que nous sommes, puisque, les uns et les autres, nous sommes obligés d’ouvrir un compte. C’est le chiffre d’affaires garanti. De toutes les façons, il faut bien que les banques récupèrent tout le fric qu’elles ont paumé dans la pêche, l’immobilier, le textile, l’agriculture et dans le reste.
Car elles n’ont pas fait dans le détail. C’est à  la pelle qu’elles ont fourni de l’argent pour des opérations risquées, pour ne pas dire spéculatives. Certaines ont même prêté jusqu’à  110% du coût de certains programmes. De quoi scandaliser Monsieur Tout-le-monde. Non, mais vous vous rendez compte ! Vous, si vous voulez acheter un appartement, la banque exige un apport personnel qu’il vous faudrait des années pour accumuler vu que vous n’avez pas de parent à  héritage ! Et on vient vous regardez sous le nez, scruter vos ressources, celle de votre conjoint. Vous n’êtes qu’un «risque» apparemment mauvais. Et aux gens qui comptent, elles ont prêté sans compter. Bien sûr, avec le «retournement de conjoncture», comme on dit élégamment dans ces milieux-là , ç’est devenu sacrément difficile. Il ne restait que deux solutions : tirer un trait, brader, solder les terrains, immeubles et autres actifs, et se rembourser, plutôt peu que prou. Ou bien faire des provisions, au niveau des bilans, au risque d’être en rouge, ou presque, et attendre que cela aille mieux. C’est, bien sûr, la deuxième solution qu’elles ont choisie.
Mais voilà , cela ne suffit pas à  redresser les comptes… Alors on se rabat sur d’autres moyens. Dans ces conditions, la facturation des services de base est un levier qu’il est tentant d’actionner. Ce n’est pas un hasard. Ils ont été depuis des années sous-facturés, voire gratuits, le coût des moyens de paiement (virements, retraits, prélèvements) a été compensé par le niveau des marges sur les prêts. Ce qui rémunère alors les banques, ce sont les marges élevées sur le crédit, les marges d’intermédiation. L’importance de la tarification des prêts était alors renforcée avec la loi d’encadrement du crédit (limitation du volume de crédits distribués) offrant aux banques une position de quasi-rente. En dehors du crédit, la facturation des services (commissions) était largement occultée. En contrepartie de la fin de l’encadrement du crédit, les pouvoirs publics accordent aux banques la liberté tarifaire sur les ménages. Celles-ci s’engouffrent avec la tarification des moyens de paiement et des incidents de paiement (rejets de chèques…) et en dehors de la gestion de compte, des sicav monétaires (commissions sur titres) et de l’assurance-vie et dommages. Les packages permettent de multiplier les ventes croisées. L’assiette de commissions s’élargit sensiblement. Elle tend à  compenser la baisse des revenus d’intermédiation. Toutes les libertés sont permises : la réduction du nombre de produits gratuits, une tarification à  l’usage. Jamais les banques n’ont eu la voie plus libre.
Ce qui révolte les esprits, c’est que le coût des commissions commence à  atteindre des niveaux sensibles pour les bourses modestes. Deux logiques s’affrontent. D’un côté, le sentiment du client que les banques «ont fait le plein». Qu’elles doivent, de ce fait, fournir un effort de lisibilité sur leurs tarifs et que les consommateurs sont en droit de demander la monnaie de leur pièce au vu des résultats générés. Mais, de l’autre, plutôt bancaire, on estime que l’équilibre n’est pas encore atteint. Les banques devraient encore développer leurs sources de commissions. Les revenus d’intermédiation ne croà®tront plus de manière régulière, argumentent elles. Seule la croissance des encours de crédit les soutient encore. Dans cette confrontation inégale, que disent les pouvoirs publics ? Ils ne semblent pas exiger plus de transparence, donc une concurrence renforcée et, à  la clef, un ajustement à  la baisse des prix. En somme, cette affaire des commissions n’est qu’un élément du dossier plus large de l’indispensable amélioration des relations entre les banques et leurs clients, notamment au travers de la soumission des banques au droit de la consommation.