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Pourquoi le géant chinois Huawei effraie l’Occident

Victime de son succès et de son ascension fulgurante, le géant chinois des télécoms Huawei se trouve malgré lui un protagoniste de la guerre froide opposant Washington à Pékin. Très discrète, la filiale marocaine de la division infrastructures de Huawei est le premier fournisseur des trois opérateurs télécoms du Royaume.

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Huawei effraie les Occidentaux. Depuis que ce géant chinois est sorti de l’ombre il y a quelques années seulement pour afficher clairement son ambition de devenir numéro 1 mondial des télécoms – aussi bien dans les réseaux et les infrastructures télécoms que dans les solutions BtoB et les produits proposés aux particuliers (smartphones et autres objets connectés) -, ses démêlés se multiplient. Lancement d’une procédure d’extradition aux USA à l’encontre de sa directrice financière Meng Wanzhou après son arrestation au Canada – en décembre 2018- sur fonds d’accusations d’espionnage industriel ayant ciblé l’opérateur américain T-mobile, pressions américaines à peine voilées sur leurs alliés européens pour freiner les projets de Huawei dans la 5G, acharnement médiatique et institutionnel contre la marque… sont autant de développements qui en disent long sur la crainte des Américains de se faire détrôner par les Chinois via le rouleau compresseur Huawei.

Selon la version américaine, les réseaux et les infrastructures développés par le groupe – à l’évidence très proche de l’Etat chinois- seraient utilisés par Pékin à des fins d’espionnage. Une version qui n’a pas convaincu les Allemands, puisque la chancelière Angela Merkel ne compte pas exclure Huaweï de l’appel d’offres prévu pour l’équipement du pays en 5G. Pas plus tard que ce mercredi 27 mars, la Commission européenne a décidé de ne pas exclure l’entreprise chinoise du marché de la 5G, tout en lançant un plan d’action pour sécuriser les futurs réseaux de téléphonie mobile.

Offensive sur le haut de gamme

Qu’en est-il de la présence de Huawei au Maroc dans le segment – sensible – des infrastructures télécoms ?. «Huawei est depuis plusieurs années le premier fournisseur des trois opérateurs télécoms du Royaume», nous répond, laconiquement, une source au sein de la filiale marocaine de Huawei, présente à Paris, ce mardi 26 mars, pour le lancement de la série P30 des smartphones de la marque chinoise. «Les allégations américaines sont infondées. Notre top management ripostera le moment venu», conclut-elle. Une riposte qui a déjà commencé, début 2019, avec une campagne de communication bien ficelée. Au menu : des interviews du très discret patron de Huawei, Ren Zhengfei, et des visites d’usines auxquelles a été conviée la presse internationale dans les villes de Guangdong et Dongguan.

Invité par Huawei au lancement des smartphones de la série P30, La Vie éco n’a pas pu interviewer les responsables de la firme chinoise pour en savoir plus sur ses projets et ses ambitions au Maroc et en Afrique. Le top management du groupe était à Paris, surtout pour vendre au monde entier ses deux modèles haut de gamme Huawei P30 et Huawei P30 Pro, qui promettent de révolutionner la prise de photographie et grignoter davantage de parts de marché à ses concurrents, le Coréen Samsung et l’Américain Apple.

Ceux-ci, avec à leur tête le numéro un de la division mobile Richard Kyu, n’ont cessé de vanter les innovations des deux modèles, qui succèdent aux modèles P20, grâce auxquels l’entreprise a augmenté significativement ses ventes sur le segment – très disputé – du haut de gamme, à en croire plusieurs observateurs.

Numéro 2 sur le marché des smartphones

Il faut dire que derrière les accusations américaines et les réserves exprimées par les Européens à l’adresse de Huawei se cache une guerre commerciale sans merci. Pourquoi le géant chinois dérange-t-il à ce point ? Au-delà des risques sécuritaires et géopolitiques liés à une mainmise des Chinois sur les réseaux et les infrastructures télécoms, quelques éléments de réponse à cette question qui se pose avec acuité sont à chercher du côté des performances et du poids de plus en plus lourd de l’entreprise basée à Shenzhen.

Selon les derniers chiffres dévoilés en 2018 par le cabinet Canalys et IDC, relayés par le site d’actualités de notre confrère français RTL, Huawei a devancé l’américain Apple, mais reste derrière le coréen Samsung. Pas moins de 54,2 millions d’unités ont été vendues par le géant chinois au cours du dernier trimestre qui détiendrait 15,8% de parts de marché. Ses ventes ont augmenté de 40% par rapport à la même période de l’année 2017, malgré une baisse générale du marché, devenu très concurrentiel. Son concurrent américain en a vendu 41,3 millions et détient 12,1% de parts de marché. De son côté, Samsung reste loin devant avec 73 millions d’unités (71,5 millions selon IDC) et près de 21% de parts de marché. Malgré sa première place et ses bons résultats, les ventes de l’entreprise sud-coréenne régressent : elles ont baissé de 10%.

D’autres challengers chinois comme Oppo (8,6% de part de marché) et Xiamo (9,3%) occupent, selon le même classement, respectivement la 4e et la 5e place. En clair, la Chine est en passe de dominer le marché mondial des smartphones.

Côté infrastructures télécoms, le géant chinois compte parmi les leaders mondiaux. A en croire une source interne, le quart de la population mondiale est connecté via des réseaux et solutions développés par Huawei. Au total, il s’agit de 1500 réseaux dans les quatre coins du globe.

Récemment, l’entreprise chinoise a signé un contrat pour la fourniture d’un réseau 5G à Monaco, qui ouvre la voie au lancement des services «smart cities» et de l’internet des objets dans la principauté. En 2017, le groupe a testé sa technologie dans la 5G dans 10 villes au monde. En plus des gouvernements, Huawei fournit un large éventail de services à des entreprises pour les accompagner dans la transformation digitale. Le secteur hautement stratégique dans lequel opère et excelle l’entreprise est à l’évidence le terrain de guerres économiques et industrielles, où tous les coups sont permis ou presque.

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• Création : 1987

• Effectif : 180 000 collaborateurs

• Présence : 170 pays et régions

• 1500 réseaux développés

• Technologie : 36 centres partagés d’innovation

• R &D : 14 instituts en service.
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