Réformes ou rafistolage ?
Malgré les réformes considérables achevées au cours des dernières années pour améliorer l’éducation, beaucoup de défis importants restent à relever si l’on veut arriver à une éducation de qualité. Deux obstacles ont mis en évidence les faiblesses de notre système éducatif : un budget éducatif grevé par une dette extérieure, et un «boom» démographique sans bornes.
Ce deuxième paramètre constitue sans doute le handicap le plus entravant de toute réforme. Les pyramides d’âge démontrent clairement que la part des actifs augmente alors que celle des inactifs diminue. Tout cela est dû à une déconcertante croissance des effectifs dans les écoles. Et le pire est à envisager lorsqu’une majorité du monde rural récemment scolarisée s’ajoutera à cette marée montante des demandeurs d’emploi ?
En effet, dans les années à venir, deux fois plus de jeunes arriveront sur le marché du travail. Ce qui implique un taux de chômage extrêmement élevé et, par voie de conséquence, un désenchantement face aux diplômes.
Certes, la scolarisation a généré un nombre important de diplômés initialement absorbés par le secteur public qui accusait un vide. Mais au fur et à mesure que ces diplômés continuaient à inonder le marché du travail, ce n’était certainement plus la demande du secteur public qui justifiait le recrutement de cette masse, mais seulement une nécessité politique. Mais l’Etat ne peut, et pourra de moins en moins, absorber cette masse de diplômés, mal formés, dont personne ne veut.
Et nombreux sont ceux qui croient que la croissance économique et l’éducation sont étroitement liées. Pour eux un taux de scolarisation maximal contribue sans doute à des taux de croissance économique. Jusqu’à quel point cela est ? Cela reste à prouver. Ce qui est évident, c’est que la contribution de l’éducation à la croissance économique dépend non seulement du nombre de compétences créées, mais surtout de leur utilisation.
Afin d’éviter tout conflit avec la réalité économique, le Maroc doit s’atteler résolument à la recherche de solutions réelles et non au rafistolage.