Au Royaume
Pas de crédit sur 60 ans
Techniquement difficile à appliquer

C’est avec vigueur que Taoufik Hejira, le ministre de l’habitat, contacté par La Vie éco, a démenti les informations parues dans la presse il y a quelques jours, faisant état de l’intention du ministre de lancer un produit immobilier basé sur un crédit à 60 ans et dont le paiement des échéances restantes serait à la charge des héritiers en cas de décès de l’emprunteur.
«D’abord, ce n’est pas à l’Habitat d’en décider puisque ce sont les banques qui octroient les crédits. Ensuite, il n’y a pas, à l’heure actuelle, de discussions sur le sujet».
Fin de chapitre ? Non, en fait, il y a bien eu des discussions sur ce sujet entre Hejira et quelques grandes banques, il y a près d’un an, en préparation au lancement du logement à 140 000 DH, mais ces dernières ont argué de la difficulté juridique et technique de mettre en place un tel produit.
Primo, léguer la créance bancaire aux héritiers suppose un certain nombre de changements dans les textes de loi (Loi bancaire et dahir des obligations et contrats, notamment), sans compter que les banques se voient mal faire le tour des héritiers pour récupérer auprès de chacun une partie de la créance. Secundo, étant destiné à des populations à faible revenu, le crédit à 60 ans devait forcément être basé sur un intérêt fixe, ce qui présente trop de risque pour les prêteurs.
Enfin, et quand bien même les banques joueraient le jeu, la couverture du prêt par un contrat d’assurance décès toutes causes serait incomplète puisque les assureurs ne couvrent le prêteur qu’à limite de l’espérance de vie moyenne au Maroc, qui est actuellement de 70 ans pour les hommes et de 71 ans pour les femmes. Cela supposerait que la personne contracte un crédit sur 60 ans à l’âge de… 10 ou 11 ans. Inapplicable donc en l’état actuel des choses. Circulez!
