Au Royaume
Volonté et fermeté
A l’occasion des tractations qui précèdent habituellement la constitution d’un nouveau gouvernement, la question des politiques publiques revient au devant de la scène. La nouvelle équipe, une fois constituée et dûment nommée, devra présenter son programme et en répondre devant les élus et devant le citoyen de manière générale. Et qui dit programme dit réformes, stratégies sectorielles et politiques publiques.

Le gouvernement sortant, à plusieurs reprises et par la voix même de son chef de file, le PJD, a reconnu qu’il avait échoué sur certains dossiers cruciaux. Des dossiers pour lesquels des diagnostics complets avaient été faits, des solutions identifiées, parfois même mises en application mais restées sans résultats. Parmi les échecs les plus cuisants de l’équipe sortante, en plus de l’emploi et de la réforme de l’enseignement, on retrouve des classiques qui hantent le Maroc depuis plusieurs décennies et contre lesquels nous n’arrivons toujours pas à trouver de solutions. Les accidents de la circulation et la corruption sont par excellence deux problématiques qui illustrent l’indigence des politiques publiques. Pour les routes, on vient d’avoir malheureusement un énième triste exemple à la fin du mois de décembre quand, en l’espace de quelques jours, plusieurs accidents ont fait un bilan de victimes digne d’une guerre. L’Etat a créé en 1977, depuis 40 ans donc, toute une institution pour lutter contre le fléau, le fameux CNPAC. Au cours de ces quarante ans, des budgets colossaux ont été dépensés dans le fonctionnement de cette entité et dans des campagnes de sensibilisation qui n’en finissent jamais sans rien donner. Pour la corruption, on n’est pas mieux loti. Depuis au moins 25 ans, le Maroc a mis en application de manière récurrente des politiques, lancé des campagnes nationales et avait même, à une époque, consacré un département ministériel tout entier à la moralisation de la vie publique, qui visait essentiellement la lutte contre cette gangrène. Plus récemment, on est allé jusqu’à créer, encore une fois, une nouvelle instance, en l’occurrence l’Instance centrale de prévention de la corruption (ICPC), avec son armée de fonctionnaires, ses dépenses, ses budgets pour, in fine, zéro effet. Le fait de dépenser des millions de DH pour imprimer des flyers «NON A LA CORRUPTION» qu’on collera dans les couloirs des administrations et les lieux publics n’a pas produit le moindre frémissement.
Pour des questions comme celles-là, il n’y a pas de recettes miracles ni de formules prêtes à l’emploi, encore moins de modèles transposables. Chaque pays a trouvé ses propres ingrédients parce que les causes de fléaux de ce genre sont très souvent à rechercher dans le modèle et le système de valeurs de chaque société. En revanche, deux seuls ingrédients sont communs aux expériences qui réussissent : la volonté politique et la fermeté. Sans ça, on continuera de tourner en rond en dilapidant l’argent du contribuable.
