Au Royaume
Trabendo
Il serait utopique de penser que, du jour au lendemain, il suffira de sortir la grosse artillerie pour mettre fin à la contrebande dans l’Oriental. Mais là, on parle de situations qui ne bougent pas, et même qui s’aggravent, au vu et
au su de tous !
AOujda, on trouve du pain algérien à 0,50 DH. Si une telle information est pain bénit pour un journaliste parti faire un reportage sur la contrebande dans l’Oriental, elle illustre bien la situation gangrenée de la région. Aujourd’hui, l’économie de l’Oriental est à 70% dépendante de la contrebande : 20% de plus qu’il y a six ans. 20% de moins que demain ? Probablement, si l’Etat ne se décide pas à arrêter l’hémorragie.
Il y a six mois, un des ministres du gouvernement actuel confiait à des journalistes de La Vie éco son inquiétude sur le sujet. On peut raisonnablement supposer que ses soucis reflétaient ceux du gouvernement. Mais rien n’a été fait depuis. A Oujda, on continue de se fournir en lessive et en médicaments chez le même revendeur.
Il y a un an, la CGEM avait tiré la sonnette d’alarme. Elle estime le chiffre d’affaires généré par le fléau à 15 milliards de DH, et que pour chaque personne vivant de ce commerce, le nombre d’emplois non créés ou détruits par la contrebande est de 10. La chambre d’industrie d’Oujda estime précisément les pertes pour la région à 32 400 emplois.
Voilà quelques chiffres pour redire une vérité crue. Ce n’est pas la première fois que La Vie éco attire l’attention sur ce sujet et elle n’est pas le seul journal à l’avoir fait. Mais quel effet, quel impact sur l’avenir ? Il serait certes utopique de penser que, du jour au lendemain, il suffira de sortir la grosse artillerie pour mettre fin à la contrebande dans l’Oriental ou ailleurs, car les considérations sociales ralentissent souvent le rétablissement de la légalité. Mais là, on parle de situations qui ne bougent pas, qui s’aggravent même, au vu et au su de tous ! On parle d’activités créatrices de valeur ajoutée qui disparaissent.
Il y a quelques années, on pensait, de la même manière, que l’ampleur de la contrebande dans le Nord était telle qu’il était impossible de la combattre, et, pourtant, le pari est gagné. Parce que, non seulement on a donné à cette région les moyens de s’en sortir, mais – les gens l’oublient – on a également fait jouer la loi. Assez de ce silence complice. Il faut que l’Etat de droit soit respecté .
