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Au Royaume

Régions d’avenir

Dans un horizon très proche, 10 à 15 ans seulement, le Maroc ressemblera à ceci : 7 Marocains sur 10 habiteront dans les villes, et donc les campagnes seront pratiquement désertes. Il faudra selon les projections démographiques créer pas moins de 400 000 emplois par an, en grande majorité dans les villes évidemment.

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Edito Saad Benmansour

Paradoxalement, ce monde rural, parce qu’il est le premier concerné par l’activité agricole, devra, avec le peu de ressources humaines qui lui restera, produire davantage pour nourrir une population encore plus importante, probablement proche des 40 millions. De même, ce monde rural, parce que moins peuplé, deviendra de plus en plus difficile à quadriller en termes de services de base et d’infrastructures. C’est là l’équation difficile, à plusieurs inconnues, à laquelle sera confronté notre pays dans les 20 prochaines années. Théoriquement, et à l’heure où l’on parle, tout cela doit avoir été identifié, les solutions déjà préparées et même déjà mises en marche parce que, comme le savent pertinemment les économistes, sociologues et statisticiens, 2030 c’est demain, il faut le préparer aujourd’hui pour l’avoir pensé hier.

La résolution de tout ce système d’équations se trouve, en fait, dans une action/réflexion globale sur le territoire et pas seulement en termes d’aménagement. Il ne sert à rien d’aménager un contenant s’il n’y pas de contenu et de consistance. La réflexion sur le territoire n’est pas un luxe mais une nécessité vitale, la seule voie possible pour construire un Maroc équilibré donc durable. Un développement territorial bien réparti suppose implicitement la résolution de beaucoup de maux actuels, notamment les insuffisances et les inégalités en matière d’accès aux services de base comme la santé, l’école, les routes, les télécoms, les services publics…. De même, une stratégie territoriale ne peut être réussie sans une gouvernance performante.

Ce n’est pas pour rien que le Souverain a tenu à porter lui-même le grand projet de la régionalisation avancée qu’il ne veut pas de façade. La régionalisation n’est pas une simple opération de découpage administratif pour faire beau sur des cartes. Dans les pays qui l’ont bien menée, comme l’Allemagne, l’Espagne, la Suisse ou encore les Etats-Unis, la régionalisation est aujourd’hui le socle même de la réussite et de la durabilité économique, politique et sociétale. Länders, communautés autonomes, cantons ou Etats fédérés, quel que soit le nom donné au même concept, ces pays et bien d’autres tirent leurs forces de leur organisation en régions chacun selon son propre modèle.

Il est, certes, prématuré pour qu’en deux ou trois ans, on puisse juger notre jeune expérience tant il n’y a encore rien à évaluer. Mais tant qu’on en est encore en phase de construction de notre modèle, c’est aujourd’hui qu’il faut prendre la bonne voie. Dans dix ans, ce sera trop tard…