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Au Royaume

Le problème à  l’envers

augmenter la TIC sur la limonade ou demander la restitution de la subvention sur le sucre ne revient-il pas, in fine, à  faire payer le consommateur final plus cher ?

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Il faut suivre ce débat sur la taxation des boissons gazeuses au sein du Parlement pour se rendre compte à quel point la surenchère politique et le calcul courtermiste peuvent parfois occulter la finalité des choses. Aujourd’hui il est question d’augmenter la taxe intérieure de consommation (TIC) appliquée aux limonades de 35 centimes le litre. Une bataille de chiffonniers oppose à ce sujet deux partis, dont l’un, socialiste, est en faveur de l’augmentation. A l’issue du vote de la Loi de finances au niveau de la première Chambre, le parti socialiste avait déjà obtenu satisfaction en faisant passer ce surplus de taxe de 20 centimes, comme l’avait proposé le gouvernement, initialement, à 30 centimes.
Pourquoi veut-on augmenter cette taxe ? Le prétexte invoqué est double, parce que ce produit dit-on est nocif pour la santé. D’autre part, parce que l’Etat qui subventionne le sucre ne veut pas que les limonadiers en profitent. Il faut à cet effet rappeler qu’après plusieurs années de discussions, la décision a été récemment prise de ne pas obliger les fabricants de boissons gazeuses à rembourser les 2 DH que l’Etat subventionne par kilo de sucre, mais la moitié seulement. Alors l’Etat se rattrape en augmentant la TIC.
En dehors de cette histoire de santé, qui ne tient pas la route, la consommation des Marocains étant encore trop basse pour induire un quelconque risque gastrique ou  d’obésité chez la population, on oublie que la limonade est un produit social. Elle est consommée par pauvres et riches, par l’ouvrier avec son sandwich chez la mahlaba autant que par le patron à sa table de déjeuner. Augmenter la TIC ou restituer la subvention revient au même : c’est le consommateur qui paiera de sa poche. Est-ce là l’idée du gouvernement et de ce parti socialiste ?
Primo, il est incohérent de taxer le produit pour se rattraper sur la subvention octroyée, mieux vaut supprimer la subvention. Secundo, il est illogique de fermer le marché de l’importation par des équivalents tarifaires à une industrie qui n’absorbe que 6,5% des besoins nationaux -et pour une consommation intermédiaire donc non susceptible de déstabiliser le marché- quand le Maroc importe 50% de ses besoins, soit une production ayant la garantie d’être écoulée au prix voulu.
Solution : ouvrir le marché à l’industrie pour lui permettre d’être compétitive quand le cours mondial du sucre est bas et demander légitimement la restitution intégrale de la subvention quand c’est le produit local qui est utilisé. De la sorte, la probabilité pour que le prix de la limonade augmente est nettement moindre. Après tout, ne cherchons-nous pas, tous, l’intérêt du consommateur ?