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Dévaluer le dirham parce qu’une partie du secteur textile a des problèmes serait une grave erreur. Et la facture pétrolière ? et les importations de biens d’équipement ? et la dette ?

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Recevant les membres des fédérations affiliées à  la CGEM, le 28 avril, le premier ministre a été interpellé par les industriels du textile au sujet d’une éventuelle dévaluation du dirham. Selon des opérateurs qui ont participé à  la réunion, sa réponse a été : «La porte est ouverte à  toutes les propositions». Dévaluer le dirham aujourd’hui parce qu’une partie du secteur textile souffre de la concurrence asiatique sur le marché européen serait une grave erreur. D’abord parce que la dévaluation a un effet national. Et la facture pétrolière ? et les importations de biens d’équipement ? et la dette ? Tout cela va considérablement s’alourdir. On ne peut user de la dévaluation pour régler un problème qui se pose dans un seul secteur industriel, aussi important soit-il. Ensuite, même au sein de l’industrie textile, les entreprises qui se sont correctement préparées à  l’ouverture des marchés internationaux ne souffrent pas de la nouvelle situation et certaines d’entre elles ont accrû considérablement leur chiffre d’affaires : ce sont celles qui ont su migrer vers la qualité, la réactivité, voire, dans certains cas, la créativité. Le problème du Maroc, à  l’avenir, ne sera plus le coût horaire de la main-d’Å“uvre mais sa capacité à  produire de la qualité et à  créer des marques. Enfin, parce que depuis plus d’une année, la valeur du dirham a connu une baisse de fait suite à  l’appréciation considérable de l’euro. Le gouvernement doit faire attention à  ne pas pécher par excès de précipitation ou de «gentillesse». Dans certains cas, il s’agit moins d’être ouvert au dialogue que de savoir décider, et vite. Deux exemples illustrent parfaitement cette situation : la gestion de l’assurance accidents de travail et la revalorisation du Smig, doublée de la réduction du temps de travail. Dans le premier cas, le gouvernement, par souci de ne pas brusquer les opérateurs économiques, a donné une promesse difficile à  tenir dans les délais, avant de se résoudre à  amender la loi. Dans le second cas, il a voulu ménager la chèvre et le chou et se retrouve avec la pression de syndicats qui demandent – légitimement – à  ce que la loi soit appliquée et des patrons qui estiment qu’il a fait trop de concessions au volet social. Là  encore, la précipitation pourrait dégénérer en promesses difficiles à  tenir. Là  encore, il convient d’amender la loi au lieu de chercher à  la contourner. En un mot, il faut trancher. Des mécontents il y en aura toujours