Une nouvelle crise secoue la fédération des voyagistes
Conseil d’administration houleux tenu le 26 janvier à cause de guerres intestines. L’association de Rabat se retire de la fédération. Celle de Béni-Mellal disputée par deux bureaux.
Le Conseil d’administration de la Fédération Nationale des Agences de Voyages (FNAVM), tenue le 26 janvier dernier à Casablanca, a encore remis à l’ordre du jour les problèmes que traverse cette fédération. En effet, l’ordre du jour, vite oublié, a laissé la place à une pagaille qui ne fait pas honneur à la profession. C’est que d’entrée de jeu, Habib El Eulj, président actuel de la FNAVM, s’est trouvé face à deux problèmes.
Le premier concerne le jugement de la Cour d’appel de Casablanca, en date du 22 novembre 2010, qui confirme celui du tribunal de première instance du 25 juin 2009, prononcé en faveur de Fouzi Zemrani, président destitué par ses pairs en janvier 2009, suite à une assemblée générale, tenue le 10 janvier de la même année.
Le deuxième concerne des discordes au sein de l’association régionale de Béni-Mellal qui venait d’élire un nouveau bureau, présidé par Adil Maâti, en lieu et place de l’ancien bureau présidé par Abdelaziz Khadach. Sauf que ce nouveau bureau n’a pas été invité au Conseil de la fédération. Pour des raisons inexpliquées, l’association de Béni-Mellal était donc représentée par l’ancien bureau. Ce qui n’a pas manqué de provoquer un grand tohu-bohu avant que les esprits ne se calment, les deux bureaux de Béni-Mellal ayant quitté la salle pour laisser leurs pairs arbitrer ce différend, et trancher, en fin de compte, en faveur de la représentativité du nouveau bureau, élu en toute légalité.
Les travaux du Conseil d’administration pouvaient donc commencer, n’eût été l’embarras provoqué par la décision de justice en faveur de M. Zemrani et dont tous les participants étaient au courant, et qui a fini par surgir sous forme d’une question claire posée par une partie de l’assistance au président en exercice : «Qu’allez vous faire maintenant que les tribunaux de Casablanca ont jugé votre présidence illégale?». Selon des sources concordantes, Habib El Eulj ne savait plus sur quel pied danser annonçant d’abord sa démission avant de demander de poursuivre l’ordre du jour établi. C’est là que les représentants de l’Association des voyagistes de Rabat, qui ont toujours contesté la manière dont le président a été porté à la tête de la FNAVM, ont répliqué qu’il n’était pas cohérent de démissionner et de continuer à présider les travaux de ce Conseil d’administration. Selon plusieurs personnes présentes, Habib El Eulj s’en est pris alors directement au président des voyagistes de Rabat, Amal Karioune. Incident que ce dernier confirme mais sans plus pour, dit-il, ne pas ajouter de l’huile sur le feu dans une profession qui est déjà en très mauvaise posture. «M. El Eulj a perdu tout contrôle et m’a insulté devant des témoins d’une manière qui mérite que je porte plainte, mais je ne le ferai pas». Ceci étant, explique M. Karioune, «nous avons décidé de suspendre toute notre activité au sein de la FNAVM dont le bureau n’est pas légal, ni statutairement ni juridiquement».
Un courrier a été envoyé dans ce sens à tous les présidents des associations régionales pour expliquer la position de l’association de la capitale administrative.
Contacté pour connaître sa position par rapport au jugement qui a donné raison à Fouzi Zemrani, Habib El Eulj affirme que son élection a été précédée par la modification des statuts de la FNAVM en avril 2009 pour permettre de réunir une AG élective à tout moment, et que ceci avait été fait en collaboration avec le ministère de tutelle à l’époque. Il reconnaît néanmoins que le jugement en question «fera jurisprudence dans le sens du respect des statuts des associations professionnelles».
Amal Karioune affirme pour sa part que son association a toujours contesté la manière dont le nouveau bureau a agi depuis la destitution de Fouzi Zemrani. Sans vouloir défendre ce dernier, il apporte de l’eau à son moulin en rappelant que, de par ses statuts, le FNAVM ne pouvait pas en 2009 convoquer deux assemblées générales extraordinaires en un an. Or, le Conseil d’administration réuni le 10 janvier 2009 avait convoqué une première AGE pour le 30 janvier pour destituer M. Zemrani, et au terme de laquelle M. El Eulj avait été délégué par ses pairs pour diriger la FNAVM, avant d’être élu par une seconde AGO en juin 2009.
Quand à l’ancien président des voyagistes, Fouzi Zemrani, son but aujourd’hui, dit-il, est de «rétablir la légalité».