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Affaires

Un plan de bataille contre la folie meurtrière sur les routes

400 autocars mis en fourrière depuis mai 2004.

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Cet été aura enregistré son lot de morts et de blessés sur les routes nationales. Dernier événement en date : l’accident qui a coûté la vie à 30 personnes sur la route d’Agadir. Le transport public de voyageurs est encore une fois désigné par l’opinion publique comme le premier responsable de cette hécatombe. Chaque année, le nombre de morts et de blessés augmente de 4 %, ce qui se traduit par un coût pour la communauté de plusieurs milliards de DH. Les pouvoirs publics ont beau élaborer et essayer de mettre en application des plans de sécurité draconiens, rien ne semble y faire, ou plutôt tout ce qui est fait, de manière lente certes, est gommé par le spectacle déroutant des cadavres qui jonchent occasionnellement le bord des routes.
Pourtant, un effort considérable a été accompli ces derniers mois en matière de contrôle, de répression et de réactions des autorités, notamment judiciaires, même si cet effort reste encore insuffisant au regard de l’ampleur de la tâche.
Ainsi, et c’est nouveau, dès qu’il y a un accident grave, le juge d’instruction est tenu, désormais, d’aller enquêter sur les lieux du sinistre.
L’accident qui a eu lieu dernièrement à Aïn Harrouda était, d’après l’enquête, imputable à un défaut de pneumatiques puisque, après vérification, il s’est avéré que le centre de visite technique qui avait contrôlé le véhicule avait fermé les yeux sur cette anomalie. Ce centre a donc été fermé pour un an, et l’employé qui avait la responsabilité d’examiner l’autocar a écopé de 8 mois de prison ferme.

Aujourd’hui, 30 % des agréments de transport ne sont pas exploités
Dans l’accident plus récent survenu sur la route Agadir- Marrakech, même si l’enquête n’est pas encore terminée, une source au ministère du Transport a affirmé qu’il est certain que le chauffeur de l’autocar n’avait pas bénéficié du temps de repos nécessaire car il a parcouru le trajet Casablanca-Agadir (plus de 500 km) durant la nuit pour, ensuite, rebrousser chemin dès son arrivée à Agadir.
Ces deux exemples démontrent, qu’en matière de sécurité routière, la responsabilité incombe à tout le monde : les patrons qui n’entretiennent pas leurs véhicules et ne ménagent pas leurs chauffeurs, ces derniers qui se doivent de refuser de conduire des autocars en mauvais état ou de rempiler après un long trajet, les contrôleurs, quel que soit leur corps de métier et, enfin, le citoyen lui-même qui semble ne pas être conscient du danger qui le guette quand il emprunte la route à bord de ces véhicules.

Les personnes physiques propriétaires d’agréments encouragées à se regrouper en sociétés
Au niveau du contrôle, il faut, toutefois, rappeler que les choses sont en train de s’organiser discrètement mais sûrement et l’objectif que se sont assigné les pouvoirs publics est de stabiliser au moins le nombre de victimes d’accidents de la route. Ainsi, depuis mai 2004, plus de 400 autocars en été appréhendés et mis en fourrière avec souvent les mêmes infractions (voyageurs en surnombre, mauvais état mécanique, défaut de documents, etc.)
A ce sujet, et selon un recensement qui est en cours de finalisation par les services du ministère du Transport et de l’Equipement, le nombre d’agréments, toutes catégories confondues, approcherait actuellement les 5000. Pour les seuls agréments interurbains, c’est-à-dire les autocars assurant les trajets de ville à ville, il serait de 2800 à 2900. Point important : 30 % de ces titres de transport ne sont pas exploités, et risquent donc d’être rayés de la liste dans la mesure où la loi stipule clairement que tout agrément resté inexploité durant une période d’un an doit être tout simplement annulé.
Il semble ainsi clair que les responsables au ministère de tutelle, après s’être rendu compte que la réforme du transport des voyageurs n’est pas soluble dans une loi, ont opté pour des actions successives qui finiront par éliminer les canards boiteux et laisser place à un transport public fonctionnant sur des critères professionnels. Dans cette optique, on encourage de plus en plus les personnes physiques propriétaires de plusieurs agréments à se constituer en sociétés et à mettre le titre de transport au nom de ces dernières pour assurer une certaine pérennité à leur activité. Car, il ne faut pas oublier que lorsqu’un détenteur d’agrément disparaît, ce sont plusieurs successeurs qui surgissent….
Par ailleurs, tout transporteur est tenu désormais d’avoir une identité fiscale en étant inscrit au moins au registre de commerce et à celui des patentes, et ce travail d’identification contribue incontestablement à réduire le volume du transport au noir.
Mais l’assainissement du secteur ne saurait être efficace sans un contrôle rigoureux sur le terrain. Sur ce plan, le ministère du Transport mène depuis quelque temps une double action au niveau des gares routières : une action de contrôle des véhicules et une action de mise à niveau de ces lieux d’embarquement, en collaboration avec les collectivités locales qui les gèrent. L’objectif étant, en fin de compte, d’arriver à imposer aux exploitants de ces gares un cahier des charges type et un règlement intérieur en tenant compte du souci de rentabilisation de ces installations. Le ministère du Transport, pour ce qui le concerne, axe son action sur la dotation de ces gares en ressources humaines compétentes et leur équipement en matériel informatique. Pour ce faire, une première promotion de jeunes (Bac + 2) a été recrutés et suit une formation adaptée. Ils seront fins prêts d’ici à la fin de l’année en cours, pour devenir des contrôleurs modernes aussi bien dans les points fixes que sur les routes. Car pour maîtriser la situation, il faut bien pourchasser les chauffards et surtout se donner les moyens de le faire

Le ministère du Transport mèneàla fois une action de contrôle des véhicules et une action de miseà niveau des gares routières. L’objectif est d’imposer aux exploitants de ces gares un cahier des charges type et un règlement intérieur en tenant compte du souci de rentabilisation de ces installations.