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Affaires

Tourisme : bientôt des guides mieux payés et plus professionnels

Rémunération, conditions d’exercice, validité des cartes professionnelles…,
plusieurs points seront revus
Un texte de loi en préparation
vise à  tirer vers le haut les professions de guide
et guide accompagnateur.

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rub 3043

La réglementation régissant la profession de guide et accompagnateur touristique est en train d’être revue de fond en comble. Jugeant les textes en vigueur inadaptés à  la réalité, le ministère du tourisme et les professionnels travaillent sur le projet depuis près d’une année. L’idée est de revoir quelques articles de la loi 34-96, en s’inspirant de l’expérience des pays o๠la profession de guide est plus organisée, comme la Turquie, par exemple.

La première disposition visée par cette refonte est l’article 7 qui interdit l’exercice de l’activité aux personnes âgées de plus de 60 ans. En effet, au-delà  de cet âge, qui correspond à  celui de la retraite, l’agrément n’est plus renouvelé. Or, «il n’y a pas de retraite dans cette profession, la plupart de ceux qui l’exercent ne bénéficiant d’aucune couverture sociale», explique Jamal Saâdi, président de la Fédération nationale des guides et accompagnateurs touristiques, qui regroupe 2 500 professionnels. Un premier objectif de la refonte est donc de laisser les guides exercer leur métier tant qu’ils sont en bonne santé dans la mesure o๠rien n’est prévu pour leur assurer une retraite.

En second lieu, il y a l’article 9 qui fixe la durée de validité de la carte de guide à  trois ans renouvelables, contrairement à  d’autres pays o๠la carte de guide a une durée de validité de cinq ans. Pour les professionnels, il est donc souhaitable de s’aligner sur ces pays et de les imiter en donnant aux guides les moyens de compléter chaque année leurs connaissances. Une documentation devrait leur être fournie annuellement pour leur permettre de rester à  jour par rapport aux équipements en infrastructures du pays.
Des sanctions jugées disproportionnées

Par ailleurs, il a été constaté que la tarification des prestations fournies par les guides n’est pas du tout appliquée. La grille actuelle prévoit par exemple un salaire de 350 DH la journée pour un guide qui travaille à  son compte. Mais, dans la réalité, il se trouve que beaucoup de guides sont en fait des employés d’agences de voyages et perçoivent un salaire de seulement 2 000 DH par mois environ. Les agenciers estiment pour leur part que le guide peut réaliser des revenus supplémentaires grâce aux pourboires et aux commissions accordées par les bazaristes. C’est pourquoi il est urgent pour les membres de la fédération de revoir le niveau des rémunérations à  la hausse même si, pour le moment, aucune proposition chiffrée n’a encore été faite dans ce sens.

Sur un autre plan, les professionnels souhaitent que la loi soit plus nuancée en ce qui concerne la capacité légale d’exercice. En effet, le guide doit avoir un casier judiciaire vierge. Dans le cas contraire, il se voit priver de son agrément, même si sa condamnation n’a rien à  voir avec son activité professionnelle.

Autre clarification demandée, celle relative à  l’article 17 qui sanctionne, par le retrait de l’agrément pour un an et de manière définitive en cas de récidive, «toute infraction à  la réglementation sur le contrôle des prix et à  la réglementation des changes». On estime ici que la disposition sur les prix est vague. En d’autres termes, estime Jamal Saâdi, «le guide est souvent appelé à  accompagner les touristes vers le bazar ou le restaurant désigné par l’agence de voyages elle-même, et comme il n’a que peu d’emprise sur les prix pratiqués ici et là , il ne devrait pas être tenu pour responsable des abus qui peuvent être commis». S’agissant du change de devises, les professionnels estiment que la pratique, par ailleurs courante chez les guides, de «dépanner» le touriste, devrait tout simplement être légalisée pour les petites sommes.

Enfin, le nouveau texte de loi devrait apporter des nouveautés en matière de représentativité dans les instances professionnelles, en matière de cotisations et de fonctionnement de ces associations. Des dispositions d’autant plus importantes que la plupart des guides ne paient pas leurs cotisations, ce qui porte préjudice à  la profession.