Affaires
Retards des trains : le ras-le-bol des passagers et les explications de l’ONCF
Retards trop fréquents, dessertes annulées, trains bondés…, des reproches récurrents au cours de ces derniers mois.
Face à cela, l’office met en avant les effets des intempéries qui ont généré une perturbation de tout le trafic et l’augmentation exponentielle du trafic entre Casa et Rabat qui représente 50% du total.
30 millions de passagers ont pris le train en 2009, ils n’étaient que 14 millions en 2002.

E xcédés, les usagers ont fini par prendre le train en otage : c’est ainsi que l’on pourrait décrire l’épilogue de la grogne qui sourdait depuis quelques mois contre l’opérateur public des chemins de fer : trains bondés, dessertes réduites, mais surtout retards trop fréquents, qui sont venus s’ajouter à la climatisation en panne au cours de l’été dernier. Pointé du doigt, l’Office national des chemins de fer (ONCF) a vécu une matinée agitée, lundi 15 mars. Plusieurs trains circulant sur l’axe Casablanca-Rabat ont enregistré des retards allant jusqu’à trois heures. Cette fois, ce n’est pas à cause des problèmes techniques ou des conséquences des intempéries.
Des usagers résidant à Témara ont volontairement bloqué la voie pour protester contre «le mauvais traitement dont ils font l’objet». La fronde spontanée a été déclenchée lorsque la navette, partie de Kénitra à 7h00 à destination de Casa-Port, s’est arrêtée au niveau de Témara. Elle n’était composée que d’une seule rame déjà bondée. Les voyageurs ont décidé de ne pas l’emprunter et, pour attirer l’attention des responsables, se sont mis en travers des voies, bloquant ainsi le trafic dans les deux sens. Une quinzaine de minutes plus tard, un autre train qui ne prévoyait pas d’arrêt à Témara ouvrit ses portes pour permettre aux protestataires de poursuivre leur trajet jusqu’à destination. Ils refusèrent de monter à bord et, en plus de l’insuffisance des rames, dénoncèrent la faible desserte de la ville qui, il faut le souligner, est de plus en plus peuplée. Autant dire que l’emportement des passagers, même s’il est jugé disproportionné, semble justifié. Quelles que soient les contraintes de rentabilité, l’office a aussi une mission de service public.
30 000 à 40 000 passagers par jour sur l’axe Casa-Rabat
Selon Abdelghani Abdelmoumen, directeur commercial voyageurs au sein de l’office, «l’incident en question, exceptionnel, est dû à un problème technique qui a justifié la mise en service d’une seule rame au lieu de deux, à ce moment de la journée». Il souligne que l’office est conscient «des efforts à fournir pour guider le client par une meilleure communication». A propos de l’incident, il indique qu’il y a une adaptation de la programmation en fonction des besoins de déplacement des clients, mais qu’il y a également d’autres contraintes. «Nous opérons des arrêts à Temara, Skhirat et Bouznika aux heures de pointe tout en gérant la préoccupation des clients voyageant entre Rabat et Casablanca qui est d’avoir le moins d’arrêts possible, sinon, le principe même de train navette rapide n’aurait aucun sens», nous prend-il à témoin.
L’office semble manifestement être victime d’un succès qui le dépasse. Selon les jours de la semaine, 30 000 à 40 000 passagers, dont 5 000 abonnés, sont transportés chaque jour sur l’axe Casa-Rabat, dans les deux sens, ce qui représente 50% du trafic ferroviaire national. Face à cette demande, 60 trains sont mobilisés. Est-ce assez ? Tout dépend du point de vue duquel on se place. Beaucoup d’usagers voyagent debout faute de place assise et plusieurs s’achètent même un billet de première classe -quand ils en ont les moyens- juste pour bénéficier d’un siège. Plus de trains alors ? L’office nous apprend que l’axe Casablanca-Kénitra représente 80% du trafic journaliser, ce qui correspond à un train toutes les 15 minutes entre 6h et 22h. En 2009, 30 millions de passagers ont été transportés sur l’ensemble du réseau, quand moins de 14 millions l’étaient en 2002. Autant dire que la pression est forte.
Un manque de réactivité ?
Pour accompagner cette forte augmentation, 192 trains circulent chaque jour, soit 90 000 places assises mises en vente quotidiennement, se défend l’office. Un trafic qui a été largement perturbé ces dernières semaines en raison des intempéries survenues dans la région du Gharb. Ainsi, les tronçons Sidi Kacem-Mechraa Bel Ksiri et Sidi Kacem-Meknès ont-ils été particulièrement touchés, ce qui a engrangé de longs retards sur les grandes lignes à destination de Marrakech et Fès. L’inondation des voies ou la fragilisation des remblais ont obligé les trains à observer un ralentissement de vitesse dans les zones névralgiques, ce qui explique des pertes de temps de 30 à 40 minutes sur les grandes lignes, mais également la perturbation du trafic navette. Les trains étant obligés de respecter un écart de temps ou de distance minimal entre eux, des départs sont retardés pour ne pas aggraver plus les retards d’autres lignes.
En tout cas, l’ONCF, souligne M. Abdelmoumen, promet une reprise du trafic normal d’ici quelques semaines, le temps que les travaux sur les voies soient finalisés. Il assure que le taux de ponctualité est de près de 80% depuis le début de l’année. Il n’en demeure pas moins que l’office -qui mettait en avant ces dernières années un taux de 90%- est souvent pointé du doigt par ses clients pour manque de réactivité.
