Relèvement des quotas chinois mais pas d’impact sur les exportations du Maroc

Le retour des donneurs d’ordre européens est marqué par une plus grande exigence, notamment en termes de prix.

Au terme de l’accord conclu entre la Chine et l’Union européenne, lundi 5 septembre, la moitié des 80 millions de produits textiles bloqués dans les ports européens depuis début août ont été autorisés à franchir la douane en exemption de droits et taxes. L’autre moitié approvisionnera également les rayons des centres commerciaux européens au titre d’une avance sur les quotas 2006.
Ces dernières négociations Chine-Europe ont abouti à une modification de taille de l’accord signé en juin dernier. Modification très bénéfique pour la Chine, puisque la base prise pour le calcul des quotas et leur progression prévue (entre 8 et 12,5% chaque année) a été modifiée. La nouvelle base de calcul inclut aujourd’hui les exportations chinoises vers l’Europe réalisées durant le premier trimestre 2005, exportations qui avaient enregistré un bond important. Ainsi, les plafonds de quotas pour 2006 et 2007 sont revus à la hausse.
En tout état de cause, il est estimé, au niveau de la profession, que cet accord conclu entre l’UE et la Chine n’aura pas d’effets directs sur les commandes aux entreprises marocaines. Le retour des donneurs d’ordre sur le marché de l’industrie textile est bien réel, au moins pour des considérations de diversification du risque géographique. Toutefois, selon Abdelali Berrada, consultant de l’ONUDI, ce retour des donneurs d’ordre est marqué par une plus forte exigence notamment en termes de prix.

La Roumanie et la Turquie mieux positionnées que le Maroc
Jawad Hamri, membre du bureau de l’Amith (Association marocaine de l’industrie textile et habillement), tout en confirmant qu’il n’y a pas d’impact, estime que le Maroc ne profitera pas des quotas chinois autant que les autres pays voisins de l’UE, comme la Turquie ou la Roumanie, qui ont réussi une intégration plus poussée de leur industrie textile. La mise en place de plate-formes industrielles ou commerciales pour les matières premières et produits semi-finis est un passage obligé. En fonction des branches du textile, on estime, au sein du secteur, que les spécialistes du pull-over auront moins de mal à satisfaire, cet hiver, les exigences des donneurs d’ordre européens en termes de réactivité que ceux qui opèrent au niveau de la chemise.
De plus, les professionnels du textile regrettent que l’accord de libre-échange avec la Turquie ne soit pas encore entré en vigueur, ce qui leur aurait permis d’importer la matière première de Turquie pour la façonner et répondre ainsi rapidement aux commandes des donneurs d’ordre européens. Ils rappellent au passage que, contrairement au Maroc, la Tunisie avait déjà signé l’accord avec la Turquie et a donc profité du cumul diagonal lui permettant d’exporter en franchise de droits de douane vers l’Europe des produits qui justifient d’une valeur ajoutée cumulée de 60% réalisée dans les deux pays .