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«Quand on croise les critères stabilité, expertise et coût… le Maroc est au centre»

Le dirigeant du groupe Airbus revient sur le partenariat industriel liant le Maroc au constructeur européen, et dont l’A220 est le porte-étendard.

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• La Vie éco : Vous êtes au Maroc pour présenter l’A220, le dernier-né des avions monocouloirs d’Airbus. Jusqu’à quel point peut-on dire que c’est un avion «Made in Morocco» ?
Il faut savoir que dans un avion vous avez plusieurs dizaines de milliers de pièces différentes. A partir du moment où la partie arrière et la partie avant du fuselage, le plancher des pilotes, ainsi que d’autres technologies comme l’ouverture des portes hydrauliques, etc., sont «Made in Morocco», et que cela représente plusieurs centaines de pièces, on peut dire qu’une grande partie de l’avion est fabriquée au Maroc et donc que l’A220 est un avion «Made in Morocco». En d’autres termes, je dis aux Marocains qui montent à bord de cet avion qu’ils y sont, plus que quiconque, chez eux.

• Pourquoi avoir misé autant sur le Maroc dans le domaine industriel ?
Lorsque l’on cherche à investir à l’étranger, vous avez les financiers qui peuvent vous dire que c’est très risqué. Les investisseurs n’aiment pas se lancer dans des régions où il y a de l’instabilité, car cela peut compromettre leurs projets et leur faire perdre de l’argent. Notre principal critère chez Airbus, avant d’investir dans un pays c’est donc la stabilité politique. Le deuxième critère, bien évidemment, c’est la qualité et l’expertise qui existent dans le pays concerné, en termes de qualifications. Si vous prenez ces deux critères, le Maroc est en tête de liste, avec une stabilité politique et une expertise des ingénieurs et des techniciens qui est absolument extraordinaire. Le troisième critère, repose évidemment sur la compétitivité, notamment le coût de main-d’œuvre. Quand vous croisez ces trois critères (stabilité-expertise-coût), vous trouvez au centre le Royaume du Maroc.

• Comment se traduit sur le terrain le partenariat industriel liant Airbus et le Maroc ? Quels sont vos projets futurs ?
Nous sommes présents dans le Royaume depuis plus de 50 ans. Nous avons été pionniers dans la création de ce qui allait devenir le parc industriel aéronautique Maroc. Nous sommes très fiers d’être présents ici à travers Airbus Atlantique, nouvelle appellation de Stelia, qui a toujours été une filiale à 100% d’Airbus. Nous avons créé jusque-là 1000 emplois directs au Royaume, impliquant 10000 emplois indirects. Sur les 142 entreprises du parc industriel marocain, plus d’une centaine travaillent pour Airbus, soit une proportion de l’ordre de 80%. Du Maroc, sortent des pièces qui sont non seulement fabriquées pour l’A220, mais qui équipent aussi toute la flotte.
Notre ambition est de continuer à développer notre présence ici. Nous sommes là depuis 50 ans et nous espérons bien être présents pour les 50 prochaines années. Cela signifie encore plus de «Made in Morocco»… Je voudrais ajouter que le groupe Airbus ce n’est pas seulement des avions civils. C’est aussi tout une industrie dans les domaines de l’aérospatiale et de la défense, avec les hélicoptères, les avions de transport militaire, les radio-télécommunications, etc. qui sont déjà présents dans le Royaume.

• Qu’en est-il du partenariat commercial, sachant que Royal Air Maroc ne dispose à ce jour d’aucun avion Airbus dans sa flotte ?
Nous sommes là aussi, parce que le Maroc a des besoins en termes d’aviation et Airbus sait répondre à ces besoins à travers ses produits et ses solutions. C’est une situation win-win pour tout le monde, notamment dans le cadre de cette vision qu’a le Maroc de développer sa présence, ses partenariats et ses activités sur le continent africain. Le continent africain dans les 20 prochaines années va devoir s’équiper d’environ 1100 avions. Dans cette flotte, quelque 800 appareils devraient être des monocouloirs d’une capacité de 100 à 150 sièges. Nous pensons chez Airbus avoir le produit parfait pour répondre à ce besoin.
Je pense que l’A220 est un avion qui pourrait plaire à Royal Air Maroc pour de nombreuses raisons. Cela dit, même si Airbus n’a aucun avion chez RAM, j’apprécie leur transparence, leur disponibilité et la relation de confiance que nous avons pu bâtir. Comme je le dis souvent, pour RAM, ça viendra… La compagnie a des besoins et nous avons des solutions qui correspondent parfaitement à ces besoins. Encore une fois, nous sommes présents au Maroc depuis 50 ans, et notre ambition, avec beaucoup d’humilité, c’est de continuer à accompagner la vision du Maroc.

• De manière générale, comment se portent les ventes de cet appareil ?
Pour tous les avantages qu’il procure, c’est un avion qui se vend très bien depuis son lancement en 2016. Nous en avons vendu près de 800, dont 230 ont déjà été livrés partout dans le monde. Des compagnies africaines (Egypt Air, Air Tanzania, Air Sénégal…) ont déjà fait le choix de cet avion moderne, ainsi que des compagnies mondiales comme Delta Airlines, Air France, Korean airlines, etc. qui nous ont fait confiance.

• Quelles sont les caractéristiques de cet avion et quels avantages offre-t-il aux passagers et aux compagnies aériennes ?
En termes de confort et d’expérience passager d’abord, c’est un avion qui a une luminosité qui est assez exceptionnelle grâce à ses hublots à hauteur de visages de tailles supérieures à ceux que l’on peut trouver chez la concurrence. L’A220 a aussi les sièges les plus larges de sa catégorie, et l’allée centrale permet une circulation facile qui donne à la cabine un confort assez unique. Par ailleurs, les compartiments pour les bagages à main sont suffisamment importants pour que chacun puisse y mettre sa valise.

• Et côté environnement ?
L’A220 consomme 25% de fuel en moins que ses concurrents. C’est un argument extrêmement fort pour les compagnies aériennes pour qui le carburant représente l’une des dépenses les plus élevées. 1% d’économie c’est déjà beaucoup, 25% c’est énorme. Il faut savoir que l’A220 a déjà atteint 1 million d’heures de vol et transporté 70 millions de passagers, ce qui signifie que grâce à cet avion, 450 millions de tonnes de fuel ont été économisés.