Affaires
Projet d’irrigation d’El Guerdane: le chantier sera finalisé cet été
La société délégataire Amensouss devait installer une conduite de 90 km et
un réseau de distribution de 300 km pour irriguer 10 000 ha d’agrumes.
45 millions de m3 d’eau doivent être acheminés à partir des barrages Aoulouz
et Mokhtar Soussi
L’eau est facturée aux agriculteurs à 1,48 DH le m3.

Les ressources naturelles deviennent de plus en plus rares et donc précieuses. Pour un pays semi-aride comme le Maroc, le problème se pose avec acuité. Pour y remédier, différentes politiques de gestion de l’eau ont été mises en Å“uvre et, parmi les plus impressionnantes, le projet d’irrigation d’El Guerdane (Souss Massa) dont l’objectif est de préserver 10 000 ha du verger agrumicole. Après appel d’offres international, l’installation du système d’adduction et la gestion de la distribution d’eau pendant une période de 30 ans ont été confiées à Amensouss, société constituée par l’Ona (chef de file), la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), la Compagnie nationale d’aménagement du Bas-Rhône Languedoc (BRL) et InfraMan. D’après le calendrier initial, la mise en exploitation totale est prévue pour juillet de l’année en cours.
Le recours au Fonds Hassan II a permis de réduire le prix de vente de l’eau
L’aménagement a commencé en 2006. Une visite sur le terrain effectuée le 29 mars permet de croire que les délais seront tenus. Ce que les responsables de la société ont confirmé. Le chantier est pourtant de taille. A partir des barrages de Aoulouz et Mokhtar El Soussi, Amensouss doit acheminer annuellement 45 millions de m3 d’eau vers le périmètre d’El Guerdane. Cela nécessite la pose d’une conduite principale de 90 km et la réalisation d’un réseau de distribution de 300 km.
L’investissement approche le milliard de DH. Malgré le coût élevé, les 670 exploitants installés sur les lieux devaient bénéficier d’un tarif suffisamment avantageux. Le prix proposé par le délégataire est de 1,48 DH/m3, alors qu’en toute logique, il devrait atteindre 5 à 6 DH. C’est que le montage financier prévoit une subvention de l’Etat, via le Fonds Hassan II, d’un montant de 237,5 MDH. Un prêt concessionnel équivalant à un taux de 1% sur une durée de 20 ans est également accordé par le même organisme. Les propriétaires agricoles souhaitant se connecter devaient débourser 8 000 DH/ha. Quant à Amensouss, elle contribue à hauteur de 432 MDH.
Malgré un budget d’investissement bien ficelé, il fallait aussi exploiter tous les postes d’économie pour rentabiliser l’affaire. Pour ce faire, le délégataire a opté pour des conduites fabriquées selon une technologie de pointe, à partir d’un matériau nouvellement introduit au Maroc. Il s’agit du polyester renforcé à fibres de verre (PRV), plus léger, solide et moins lourd que le ciment. Cela permet de réduire les frais de transport logistique puisque les tubes sont imbriqués les uns dans les autres lors du transport, coupés en fonction des besoins et produits selon des dimensions différentes. Enfin, les tubes sont mis en place avec une pelleteuse, et non une grue. Ce sont ces économies dans l’investissement qui permettent de réduire le prix de l’eau.
700 000 ha éligibles à ce type d’opération
Ces conduites sont produites par Amitech, joint-venture entre Nareva Holding, société du groupe Ona, et le groupe international Amiantit. Installée dans le parc industriel Sapino à Casablanca, l’unité est opérationnelle depuis 2007. Ses responsables font remarquer au passage que sa technologie intéresse des investisseurs d’Afrique de l’Ouest. Un nouveau débouché en perspective.
En attendant, le Maroc s’annonce comme un marché tout à fait intéressant. Selon les experts rencontrés sur le terrain, le projet El Guerdane peut être dupliqué dans le pays, en particulier dans le Gharb et le Loukkos. Au total, la superficie potentielle concernée est de 700 000 ha.
Le principe est de responsabiliser les exploitants et de mieux les aider à rationaliser leur consommation parce que la quantité d’eau disponible sera de plus en plus insuffisante. Par exemple, à El Guerdane, les quantités à drainer par Amensouss ne représentent que 50% des besoins. Les agriculteurs continueront donc à se servir sur la nappe phréatique, à un coût sensiblement plus élevé que le tarif fixé par Amensouss. «Le problème n’est pas le prix, mais de disposer de la ressource», explique un producteur d’agrumes de la région. Avec le projet en cours de réalisation, ses soucis sont certainement réduits. Du moins pour un bon moment.
