Affaires
OCP : d’où proviendront les 33 milliards de DH pour externaliser la caisse de retraite
La CDG apporte un tiers et entre dans le capital de l’office
L’OCP paie un tiers et emprunte le reste.
Transformation en SA
L’Etat surseoira aux redevances d’exportation.
S’il est une opération qui symbolisera l’année 2007 par son ampleur, c’est bien celle du transfert de la caisse interne de retraite de l’Office chérifien des phosphates au Régime collectif d’allocation de retraites (RCAR). Le 19 juillet dernier, en effet, l’OCP, l’Etat et la CDG signaient un accord-cadre devant déboucher dans un délai de cinq mois sur une solution. Un schéma relativement compliqué puisque l’opération nécessitera, selon les chiffres officiels, quelque 33 milliards dont l’office, bien entendu, ne dispose pas.
Cinq mois pour boucler le montage financier
Quelle sera l’issue ? S’il faut attendre la fin de l’année 2007 pour connaître le montage financier précis, les informations provenant de plusieurs sources ministérielles laissent entrevoir les grandes lignes du financement. Ainsi, le tiers des 33 milliards de dirhams devrait être fourni par les ressources propres de la caisse interne de retraite de l’OCP qui, en dépit de cotisations insuffisantes, garde une réserve. Le deuxième tiers sera apporté par la CDG. Cette dernière devrait ainsi, selon des informations recoupées, entrer dans le capital de l’office. Enfin, le troisième tiers proviendra d’un emprunt auprès des banques de la place. Et l’Etat ? Celui-ci se contentera de surseoir pendant quelques années aux 750 MDH de redevances à l’exportation, sachant qu’il compte bien se rattraper sur les dividendes d’une société assainie.
En fait, à travers cette opération, l’OCP non seulement réglera un problème qui menaçait son équilibre financier, mais en profitera également pour entamer une grande mue en vue de devenir une entreprise publique performante. En délestant son passif circulant d’un poids aussi lourd, l’office pourra se transformer, par la même occasion, en société anonyme, présentant un bilan conforme aux normes comptables et présenter un bilan bancable aux établissements financiers de la place. Il n’est en effet un secret pour personne que, jusqu’à présent, non seulement l’office n’a jamais présenté de situation comptable à ses prêteurs, mais, pire, l’arrêté annuel des comptes ne s’est jamais fait de manière régulière jusqu’au début de la décennie 2000. Des lacunes que l’on est en train de rattraper à grande vitesse puisque l’office vient de mettre en place un véritable pôle financier regroupant comptabilité, gestion financière, contrôle de gestion et même salle de marchés. En tout état de cause, avec les 3/4 des réserves planétaires de phosphates et une position de troisième exportateur mondial, il devrait s’imposer en tant que faiseur de marché. Déjà, en 2007, l’OCP a réussi à augmenter ses prix de vente de 40% sans subir d’impact sur les volumes écoulés.
