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«Nous avons réduit notre endettement bancaire de 3 milliards de DH en 2015»
Le groupe ne compte pas se désengager de la biscuiterie, il prévoit même un investissement de 200 MDH cette année. Il confirme aussi la solidité de sa marque Fandy.

Votre dernière annonce d’un financement chinois pour votre projet de cimenterie a surpris la place. Pourquoi une telle démarche au lieu de se faire financer par une banque marocaine ?
En effet, notre groupe a signé avec Industrial and Commercial Bank of China (ICBC) une convention de financement pour un montant de 171 millions de dollars. C’est dire l’intérêt et la confiance que portent de telles instances internationales au développement de projets économiques marocains, permettant notamment d’inverser les tendances constatées ces dernières années, consistant à financer des projets en dirhams avec des transferts de dividendes en devises. Ceci étant, la cimenterie de Settat est un projet qui nécessitera un investissement total de 330 millions de dollars. Il est donc évident que nous travaillons en parallèle avec nos partenaires locaux pour compléter le montant total du financement prévu pour ce projet.
Dans les milieux du business, l’endettement des grands groupes industriels est suivi de près et alimente souvent les discussions de salons. Votre groupe n’y échappe pas et il se dit que vous avez atteint des niveaux d’endettement inquiétants à tel point que vous avez dû vous désengager de certaines activités comme la conserve de poisson récemment. Est-ce vrai ?
Notre pôle halieutique a effectivement été cédé durant l’été dernier. Il s’agit là pour notre groupe de savoir arbitrer entre certains actifs, notamment ceux ayant atteint un certain stade de maturité, afin de s’engager dans de nouveaux défis dans le cadre de la concrétisation de notre vision stratégique. Cela s’illustre par exemple par le lancement, 4 mois plus tard, de la construction de notre unité de ciment à Laâyoune.
S’agissant de notre situation financière, nous avons saisi l’année 2015 pour réviser le niveau de notre indépendance financière, devenue pour notre groupe un axe stratégique prioritaire. Bien plus encore, des actions d’envergure ont été menées durant la même année ayant permis une baisse considérable, s’élevant à trois milliards de dirhams, de notre dette bancaire.
Les mêmes rumeurs disent aussi que vous êtes sur le point de vous désengager de la biscuiterie…
La réalité est tout autre. La biscuiterie est le fleuron du groupe Anouar Invest, à travers sa marque emblématique Excelo. Elle est ainsi au cœur de notre stratégie à long terme.
Au vu des performances ces dernières années, devenant en 5 ans le 2e plus gros intervenant de la biscuiterie au Maroc, avec plus de 26% de parts de marché (source Nielsen), nous ne pouvons qu’être fiers de l’intérêt grandissant que portent les Marocains pour leur marque, et d’illustrer à quel point la construction et le développement de cette marque est au cœur de nos développements à venir. C’est dans cette optique que s’inscrit 2016. Une année avec un programme d’investissements ambitieux et d’ores et déjà financé : 200 MDH, à l’instar des années précédentes, afin de renforcer davantage nos capacités dans ce secteur, diversifier notre portefeuille de produits, et surtout lancer de nouvelles offres inédites pour satisfaire un consommateur toujours plus friand de nouveautés.
Dans les milieux de la minoterie industrielle, les bruits courent aussi sur des difficultés de Fandy. Qu’en est-il au juste ?
Les dernières acquisitions d’anciennes sociétés marocaines suscitent effectivement un foisonnement de rumeurs -cela est compréhensible puisque la minoterie est un secteur en pleine effervescence- qui s’explique par des éléments macroéconomiques très simples : augmentation de capacités d’écrasement alors que la moyenne nationale d’écrasement n’est que de 55%, et tension sur les prix de vente. Cette situation a fait aussi que plusieurs unités ont vu leurs activités suspendues pour des raisons financières.
Le groupe, à travers sa marque Fandy, connue et reconnue pour sa qualité, fait partie des opérateurs les plus solides de la minoterie industrielle. Ainsi, il participera indiscutablement à la consolidation du secteur, notamment en complétant l’investissement dans l’Oriental qui est en cours de négociations avec notre fournisseur Bülher, mais également en augmentant la capacité de stockage de silos avec une première tranche de 130 MDH (sur un total de 250 MDH d’ici 2019) financée en fonds propres dont les travaux sont en cours, le taux de réalisation est de 75% (fin des travaux prévue d’ici trois mois). Ce projet rentre dans le cadre de l’accompagnement du Plan Maroc Vert.
A ce titre, il est important de rappeler que la marque Fandy est leader sur le marché du blé tendre avec plus de 85% d’utilisation des capacités d’écrasement.
Est-ce que votre diversification trop rapide n’a pas été finalement difficile à digérer?
Bien au contraire, notre stratégie de diversification entamée depuis plus de 20 ans fait que notre groupe se positionne aujourd’hui en tant que numéro 2 de l’industrie agroalimentaire au Maroc, et en tant qu’acteur influent au niveau des autres secteurs d’activité dans lesquels nous opérons. Cette position ne peut que conforter nos choix stratégiques entrepris, s’appuyant sur notre expertise et connaissance des marchés que nous ciblons, et sur notre esprit d’innovation sans limites. Ces deux points forts du groupe font du holding un acteur de référence avec une forte présence au Maroc et à l’étranger.
Il n’y a pas longtemps vous avez procédé à une restructuration de l’ensemble de vos activités. Quelles ont été les raisons d’une telle opération ?
Effectivement, notre groupe a connu récemment une évolution de sa gouvernance, permettant une mise en adéquation entre sa gouvernance et sa vision stratégique qui, finalement, répond à votre précédente question : le groupe a su adapter son organisation à sa nouvelle taille atteinte. La holding s’est vue dotée d’une direction générale, entourée de fonctions supports, permettant plus d’autonomie au management des filiales, et renforçant davantage les fonctions de contrôle par le biais de comités exécutifs, de l’audit interne, et du suivi budgétaire… De plus, et conformément aux exigences internationales, nous avons élevé nos standards de gouvernance, en nommant un commissaire aux comptes de premier rang, avec l’établissement de nos comptes consolidés selon les normes IFRS. Enfin, le conseil d’administration d’Anouar Invest a décidé de nommer un administrateur indépendant en vue de répondre aux exigences les plus pointues en termes de gouvernance.
Vous êtes présents dans l’immobilier. Comment appréhendez-vous la conjoncture actuelle du secteur ?
Le secteur immobilier est constitué de plusieurs segments évoluant différemment. Notre groupe se positionne principalement sur le segment des logements sociaux et économiques dans l’agglomération de Casablanca, car c’est celui dont la demande demeure la plus importante, et dont le déficit en logements est structurel au sein de notre Royaume. Plusieurs réajustements ont été apportés durant ces derniers mois qui permettront à ce segment de connaître une croissance soutenue à moyen et long terme.
Avez-vous d’autres projets de diversification dans le pipe ? Si oui, lesquels ?
Notre groupe poursuit depuis vingt ans une stratégie de diversification de ses activités en investissant dans d’autres secteurs, comme l’immobilier, la logistique, les matériaux de construction et l’agriculture. Ambitieux et tourné vers l’avenir, notre groupe a récemment investi dans l’industrie des matériaux de construction, et entame son développement africain avec plusieurs implantations, notamment en Côte d’Ivoire. Nul doute que notre groupe saura se positionner sur les métiers de demain dans notre économie régionale.
Si on vous demandait les grandes lignes de votre feuille de route stratégique pour les 10 prochaines années, ce serait lesquelles ? Et pour quels objectifs ?
Notre stratégie à ce jour est claire, et va se décliner sur les prochaines années. Nous consoliderons nos parts de marché sur nos activités matures : négoce de céréales et minoterie. Nous accentuerons nos parts de marché dans les domaines de la biscuiterie, la distribution et produits laitiers notamment. Aussi, nous atteindrons nos objectifs dans le secteur des matériaux de construction en positionnant Atlantic Ciment comme un acteur national de premier plan. Enfin, nous poursuivrons nos investissements dans l’immobilier en conservant un œil prudent sur ce secteur.
