Affaires
Le ras-le-bol des promoteurs de Casablanca
Retard du schéma directeur, dérogations au compte-gouttes, … ils
chargent l’Agence urbaine.
Les promoteurs immobiliers de Casablanca se disent déconcertés par la baisse du nombre de logements autorisés en 2004 par rapport à 2003 (-43 % à
26 379 unités). Ils réfutent l’argument selon lequel l’Agence urbaine de Casablanca (AUC) n’est pas responsable de cette chute qui serait liée au reflux du nombre de dossiers déposés.
Pour Saïd Sekkat, secrétaire général de l’ULPIM (Union des lotisseurs et promoteurs immobiliers du Maroc), la première cause réside dans le foncier dont le prix aurait doublé en 5 ans du fait de l’insuffisance des terrains. Ce déficit est imputé au retard concédé dans la conception du nouveau schéma directeur, attendu d’ici à trois ans. Là, la responsabilité de l’agence est, selon lui, évidente.
Dans la foulée, M. Sekkat explique que «les dérogations qui permettaient d’atténuer le coût du foncier grâce à l’ajout d’un étage ou à une plus grande occupation du sol se donnent actuellement au compte-gouttes». En 2004, seulement 93 demandes sur les 298 examinées ont reçu un avis favorable (cf. La Vie éco du 25 mars 2005).
Autre reproche adressé à l’AUC : l’examen minutieux des plans. Les promoteurs s’étonnent qu’elle exige un local de 40 m2 pour le concierge, alors qu’il y a développement du syndic professionnel.
Le Guichet unique de l’habitat en voie de réalisation
En outre, M. Sekkat souligne qu’un délai de 3 mois est nécessaire pour l’obtention d’une autorisation de construire qui réponde aux normes. Ce délai peut même atteindre 12 mois en cas de remarques, ajoute-t-on.
Et ce n’est pas tout. Les promoteurs rappellent qu’en raison de la réorganisation des services de la ville suite à son unification, le circuit de la demande d’autorisation de construire s’est allongé. Celle-ci doit passer désormais de l’arrondissement à la commune puis à l’AUC et refaire le chemin inverse. La mise en place du Guichet unique de l’habitat à Casablanca, maintes fois évoquée, est attendue avec impatience. C’est peut-être pour bientôt. Auprès du Conseil de la ville, il est indiqué que ce guichet sera logé dans l’annexe de la commune, dans le même bâtiment que le CRI (Conseil régional d’investissement) et le CRT (Conseil régional du tourisme). Le marché relatif à son aménagement est déjà passé.
Ce n’est pas suffisant pour apaiser la colère des promoteurs qui déplorent que la convention «Ville sans bidonville» ne soit pas encore élargie à Casablanca alors que cette ville compte le plus grand nombre d’habitats insalubres. Au niveau du ministère de l’Habitat, on invoque le manque de terrains et les difficultés d’obtention des dérogations. D’où le choix de réaliser des opérations au coup par coup. Il semble donc que les promoteurs aient vu juste en pointant du doigt le retard du schéma directeur.
