Le bénéfice d’Al Amana baisse de 26%, à 14 MDH

La qualité du portefeuille s’est sensiblement dégradée
La production de crédits a chuté de 21%
à 304 MDH
Les premiers chiffres de l’année en cours n’annoncent pas de reprise.
Est-ce le début d’une période de vaches maigres pour la microfinance au Maroc. En tout cas, Al Amana, plus grosse association de microcrédit au Maroc, et véritable baromètre pour l’activité du secteur, donne déjà le ton avec une rentabilité laminée. Le prochain conseil d’administration de l’association de micro-finance Al Amana, prévu en mars 2010, devra entériner des comptes 2009 pas très réjouissants. Elle a terminé l’exercice avec un bénéfice de 14 MDH contre 19 millions un an auparavant et 40 MDH en 2007. On est donc bien loin des 24 MDH budgétés dans le business plan 2009-2013.
Il faut dire qu’avec un coût du risque qui a quadruplé en deux ans, avec un portefeuille à risque (ce ratio est obtenu en divisant le total de l’encours des prêts affichant un retard par le total de l’encours de tous les prêts) en hausse et des encours affichant un retard supérieur à 30 j (PAR >30 j) représentant 4,35% de l’encours global, la rentabilité ne pouvait qu’être affectée, malgré une rationalisation des charges, notamment les frais de personnel. Le retour sur fonds propres (ROE) se situe ainsi à moins de 5%, soit le plus bas niveau depuis la création d’Al Amana en 1997. Cette remontée brutale des incidents de paiement a également suscité un reflux de l’expansion commerciale (sélectivité oblige) puisque la production de crédit a chuté de 21%, à 304 MDH. Dans le même creuset, le nombre de clients actifs est revenu à son niveau de 2006, soit près de 400 000.
Les banques et les bailleurs de fonds plus prudents
Ce qui est encore plus inquiétant pour Al Amana, c’est que les chiffres de janvier n’annoncent pas un retournement de tendance. Le nombre de clients actifs continue de s’affaisser (perte nette de 2 150 clients) pour un encours en stagnation à 2,74 milliards de DH. Quant au coût du risque, il poursuit son envolée : le PAR à plus de 30 j a atteint 4,6%.
Face à une détérioration généralisée semble-t-il au regard des premiers échos relevés auprès des concurrents d’Al Amana, les banques marocaines, qui se sont érigées en premiers bailleurs de fonds des AMF, risquent de resserrer les conditions de crédit et d’exiger de plus en plus des garanties totales ou partielles des organismes multilatéraux qui soutiennent ce secteur dans les pays en développement. Sollicité, pour sa part, pour se pencher sur la demande de plusieurs AMF de se transformer en institutions financières spécialisées à but lucratif, Bank Al Maghrib est également très attentif au risque d’insolvabilité des institutions les plus fragiles.