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Affaires

La Caisse marocaine des retraites revoit sa politique de placement

Elle a lancé une étude visant l’optimisation de la gestion de ses fonds.
La prédominance impérative des bons du Trésor dans son portefeuille limite sa rentabilité.

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rub 2437

La question de la rentabilité des réserves de prévoyance des caisses de retraites publiques se pose de plus en plus à l’heure où, le ratio actif/retraité étant en baisse, leur marge de reconstitution diminue. La CMR (Caisse marocaine des retraites) vient, à ce propos, de confier une étude à un cabinet français, Actuaria, sélectionné à la suite d’un appel d’offres, sur la meilleure stratégie possible pour gérer ses fonds. L’activité de la CMR pourtant est bien encadrée, sur les plans législatif et réglementaire. La Caisse anticipe-t-elle la réforme du système de retraite, dont le projet est dans le pipe depuis un certain temps déjà ? Tout porte à le croire.

Il faut dire que le jeu en vaut la chandelle. Alors que des opportunités de placement qui peuvent rapporter jusqu’à 20 % existent, la CMR – avec ses réserves de 41 milliards de DH – a dû se contenter, en 2005 par exemple, d’une rentabilité de 7,78 % et en 2006 d’un peu plus de 6 %, quand la CIMR (Caisse interprofessionnelle marocaine des retraites), peut, elle, se permettre une rentabilité dépassant les 15 %.

C’est que la CMR, contrairement à la CIMR, ne peut faire de placements que dans une classe d’actifs bien définis par la loi et reprécisés dans l’arrêté du ministre du ministre des Finances. Ainsi, elle doit impérativement placer des fonds à 80 % au minimum dans des valeurs de l’Etat ; c’est-à-dire les bons du Trésor et les émissions garanties par l’Etat (celles de l’ONCF et du CIH notamment). Les 20 % restants de ses fonds sont placés pour 17 % dans les actions cotées et les titres négociables sur un marché réglementé comme les OPCVM catégorie actions et diversifiée (pour 10 % maximum), ainsi que dans les obligations privées cotées (comme les émissions de l’ONA), les certificats de dépôts, les bons des sociétés de financement et les OPCVM obligataires (le tout pour 7 %). Il reste donc 3 % que la CMR peut placer par exemple dans l’immobilier, mais à la condition expresse que l’opération soit autorisée par le ministre des Finances. Si la CMR a réalisé une rentabilité de seulement
6% en 2006, c’est en raison des placements en bons du Trésor (3,5 % sur 15 ans) ; car, les actions ont rapporté, elles, plus de 20 %.

Bien sûr, le placement dans les bons du Trésor a cette particularité d’offrir une sécurité maximale, mais les experts s’interrogent sur cette notion de sécurité s’agissant de placements à long et même à très long terme. «Le placement dans les actions et le marché boursier en général comporte des risques, c’est connu, mais cela vaut surtout pour les investissements de court terme», estime un analyste financier. La preuve, sur ces dix dernières années, en dépit de la volatilité qui caractérise le marché boursier, celui-ci a rapporté une moyenne de 13 %, contre une moyenne de 5 % pour les obligations.

Les placements à long terme comporteraient moins de risque
A la CNSS (Caisse nationale de sécurité sociale), le problème se pose avec encore plus d’acuité. En vertu d’un décret de 1974, la caisse est tenue de déposer ses fonds de réserves auprès de la CDG (Caisse de dépôt et de gestion). En 2003, après les recommandations des auditeurs de la CNSS qui avaient suggéré une plus grande maîtrise dans la gestion financière, des négociations avec la CDG avaient abouti à un nouveau mode de rémunération des fonds de réserves consistant en l’indexation de cette rémunération sur les taux des bons du Trésor de 10 à 15 ans. Mais est-ce suffisant quand on connaît les rendements de ces bons (environ 4 %) ? Contrairement à la CMR, qui dispose malgré tout d’une petite marge en terme de placement, la CNSS, elle, n’a aucune autre possibilité en dehors des dépôts à la CDG.

En tout cas, de l’avis de nombreux spécialistes, le moment est venu de revoir les placements qu’effectue les caisses de retraite, pour les rendre conforme aux nouvelles donnes. Le Trésor ne doit pas être, estiment ces derniers, le seul à profiter de ces fonds. Les cotisants, car c’est leur argent, itou.