Affaires
La Banque mondiale suggère de baisser l’impôt sur les sociétés et de réduire les dépenses fiscales
L’institution de Bretton Woods prévoit pour 2018 une croissance de 3% et un déficit budgétaire de 3,3% du PIB. Elle considère que le modèle de croissance actuel a atteint ses limites.

La croissance économique au Maroc devrait s’établir à 3% en 2018 au lieu de 4% en 2017, selon le rapport de suivi de la situation économique du Royaume que la Banque mondiale a publié en début de semaine (16 avril). Comme pour couper la poire en deux, la Banque mondiale a “calé” sa prévision entre celle du HCP (2,8%) et celle du gouvernement (3,2%). L’institution de Bretton Woods explique ce repli de l’activité par rapport à l’exercice écoulé par le retour de la production agricole à son niveau moyen (soit quelque 70 millions de quintaux de céréales), mais aussi par une progression du PIB non agricole encore insuffisante «en l’absence de réformes structurelles plus décisives».
Le déficit budgétaire, lui, représenterait 3,3% du PIB contre 3,5% en 2017, mais cette légère amélioration n’aurait qu’un faible impact sur le taux d’endettement du Trésor, puisque celui-ci resterait en 2018 au même niveau (65 % du PIB) qu’en 2017 (65,1%).
Stagnation du taux d’endettement
La stagnation du taux d’endettement à 65% du PIB (jusqu’en 2020 prédit la Banque mondiale) peut s’expliquer, d’une part, par la faiblesse du taux de croissance (l’effet dénominateur), et, d’autre part, par la persistance du déficit primaire, signe que les recettes, fiscales notamment, sont insuffisantes ou que les dépenses sont encore trop élevées. D’ailleurs, dans son rapport, la Banque mondiale a estimé que les autorités marocaines, pour tenir l’engagement qu’elles ont pris de ramener le déficit budgétaire à 3% du PIB et le taux d’endettement du Trésor à 60% du même PIB, devraient procéder à «une réforme généralisée» de la fiscalité. Et cette réforme, détaille la banque, devrait porter sur la réduction des dépenses fiscales, l’abaissement du taux d’imposition des sociétés et le renforcement du recouvrement des recettes fiscales des personnes travaillant pour leur propre compte et des membres des professions libérales.
En parallèle, poursuit le rapport, les investissements publics devraient bénéficier d’une gestion optimale, sans quoi le surcroît de recettes qui proviendrait de la réforme fiscale n’aurait que peu, ou pas d’effet sur la poursuite du rééquilibrage des finances publiques. Du point de vue de la Banque mondiale, l’amélioration des perspectives économiques à moyen terme dépend précisément de la poursuite du rééquilibrage des finances publiques, mais aussi de la souplesse du régime de change et de la mise en œuvre de réformes structurelles dans les domaines de l’éducation et du marché du travail. Autant dire que le modèle de croissance actuel, selon le rapport, a atteint ses limites et qu’«il importe que le Maroc s’oriente vers un modèle tiré dans une plus large mesure par les exportations».
