Affaires
Guerre des huiles Savola saisit à son tour le Conseil de la concurrence
Un de ses produits a été dé-référencé chez Marjane : elle saisit le Conseil de la concurrence pour «injustice commerciale».
Savola accuse Cofarma de favoriser Lesieur.
L’instruction de la requête est en cours.

Le feuilleton Savola-Lesieur Cristal n’est visiblement pas près de toucher à sa fin. Emboà®tant le pas à son concurrent – Lesieur Cristal a déjà saisi le Conseil de la concurrence pour dumping pratiqué par Savola Maroc, la filiale du groupe saoudien a, à son tour, saisi le Conseil de la concurrence pour dénoncer une «injustice commerciale». De quoi s’agit-il ? Cette fois-ci, Savola Maroc ne s’attaque pas à Lesieur Cristal, mais plutôt à la chaà®ne de grande distribution Marjane. Le 14 avril dernier, Savola Maroc met en vente une huile de friture à base de soja, de marque «Arabi», sur les rayons des hypermarchés de cette enseigne. Le nouveau produit a connu un grand succès selon Savola qui parle de 4 000 bouteilles d’un litre vendues durant le week-end du 15 au 16 avril. Mais le succès fut éphémère puisque, lundi 17 avril, les responsables de l’entreprise reçoivent un écrit de Marjane leur signifiant, selon les propos de Hicham Aâkil, directeur général de la filiale du groupe saoudien, «l’arrêt de la distribution de Arabi pour des raisons intra-groupe».
Depuis, les responsables de Savola Maroc ont envoyé des lettres aux présidents du groupe Ona et du groupe Auchan (le produit a également été éliminé des rayons d’Acima), ainsi qu’aux responsables de Cofarma, la holding abritant l’activité hypermarchés.
Un communiqué publié dans la presse
«Aucune réponse ne nous est parvenue alors que nous souhaitions régler l’affaire à l’amiable», indique M.Aâkil, qui affirme, au départ, avoir entouré cette affaire d’une très haute discrétion, et qui est aujourd’hui décidé «à employer tous les moyens pour se défendre» face au mutisme de ses partenaires auquel il est lié par un accord commercial. «Nous avons saisi le Conseil de la concurrence car cette instance doit intervenir pour trancher et dénouer cette situation qui est contraire au Code de commerce et à la liberté du commerce», explique le DG de Savola Maroc. L’entreprise a, cette semaine, également publié dans plusieurs supports un communiqué adressé aux consommateurs. Dans ce texte, le producteur de «Afia» s’excuse du désagrément causé par le retrait du produit des rayons des hypermarchés Marjane et tient à dénoncer, selon les termes du communiqué, «les agissements qui vont à l’encontre de toute déontologie, qui sont anti-économiques et contraires aux principes de la libre- concurrence et de la compétition saine. D’autant plus que Marjane est filiale d’une holding qui détient, comme tout le monde le sait, une société qui se trouve être notre concurrent direct sur les huiles de table». Savola Maroc accuse donc clairement la chaà®ne Marjane de favoriser les produits de Lesieur Cristal.
Cofarma nie avoir envoyé un écrit à Savola
Contactés par La Vie éco, les responsables de Cofarma nient avoir envoyé à Savola Maroc un écrit motivant leur décision par des raisons liées à la politique du groupe. Il n’empêche, le DG de la filiale du groupe saoudien persiste à dire que ce sont des manÅ“uvres pour barrer la route à son entreprise.
Au ministère de l’Economie et des Affaires générales, Rachid Talbi Alami, qui préside le Conseil de la concurrence, dit ne pas avoir encore de point de vue sur ce dossier. «Nous avons été saisis par les deux entreprises pour des questions différentes, l’instruction des requêtes est entamée et il est encore trop tôt pour se prononcer», indique-t-il. La procédure prévoit, selon M.Talbi Alami, des enquêtes sur le terrain, l’évaluation des coûts de production et de vente des deux opérateurs. La durée de la procédure ne peut être arrêtée à l’avance. Selon le ministre de l’Economie et des affaires générales, «elle peut être d’une semaine comme elle peut s’étaler sur trois mois». L’enquête devrait aboutir, toujours selon M.Talbi Alami, à l’établissement de procès-verbaux qui seront soumis à l’appréciation de la justice ou bien à une simple décision du Conseil de la concurrence
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Mis en place en 2002, le Conseil de la concurrence est composé d’un président et de douze membres. Il a la charge de veiller au respect des dispositions de la loi sur la concurrence. Le conseil a un rôle essentiellement consultatif puisqu’il doit être consulté, d’une part, sur les textes réglementaires pouvant restreindre la concurrence, et, d’autre part, préalablement à la fixation des prix dans certains secteurs dans lesquels les pouvoirs publics continuent d’intervenir. Pour les observateurs, le conseil connaà®t des limites au niveau des modalités de fonctionnement puisque seul le président peut provoquer les réunions et sa saisine est du seul ressort de la primature qui étudie les plaintes et décide de la suite à leur donner. |
