Affaires
Grand Casablanca : Lydec récupère bientôt les territoires qui lui échappent jusqu’à présent
Le protocole d’accord pour l’harmonisation des services de distribution d’électricité, d’eau et d’assainissement liquide enfin prêt. Les actifs et avoirs de l’ONEE seront transférés à Lydec. Un comité de suivi sera chargé de veiller à la bonne exécution du protocole d’accord.

Depuis l’entrée en jeu de Lydec en tant que délégataire des services de distribution d’eau, d’électricité et d’assainissement liquide pour la région du Grand Casablanca, en 1997, il est des territoires dont la fourniture d’électricité est toujours assurée par l’ONEE alors même qu’ils sont situés dans le périmètre des services délégués à Lydec. Dans ces quartiers, les citoyens et entreprises reçoivent donc deux factures distinctes : Lydec pour l’eau et l’ONEE pour l’électricité. Cette situation concerne par exemple la municipalité de Béni Yakhlef, les communes rurales de Sidi Moussa Al Majdoub et d’Ouled Azzouz et la préfecture de Mohammédia. Or, «il est rappelé que le délégataire a vocation à intervenir sur toute la wilaya du Grand Casablanca, de sorte que son périmètre d’activité coïncide à terme avec le périmètre de la wilaya, au fur et à mesure que les décisions administratives et réglementaires seront prises en ce sens», stipule l’annexe 1 du contrat de gestion déléguée de Lydec. A la faveur du regain d’attention donné à Casablanca, le dossier est revenu sur la liste des priorités. Dans le cadre de la stratégie de développement de la métropole de Casablanca à l’horizon 2030, le protocole d’accord relatif aux modalités de mise en place d’un processus d’harmonisation des services de distribution d’électricité, d’eau et d’assainissement liquide dans la région du Grand Casablanca a ainsi été finalisé fin juillet. Reste à le signer. Pour cela, l’ensemble des parties prenantes, au nombre de 24, du ministère de l’intérieur aux provinces, communes et municipalités concernées, en passant par la wilaya et les deux fournisseurs de services, ne doivent pas laisser le texte tomber dans les oubliettes. Conformément au contrat-programme signé avec l’Etat le 26 mai dernier, l’ONEE s’est engagé à signer des «mémorandums» avec chacun de ses successeurs d’ici fin 2015.
Une commission technique d’expertise sera mise en place
S’il n’entre pas dans les détails, le texte signale «l’urgence de l’harmonisation des périmètres» et met l’accent sur «les conditions et modalités d’exécution» de la «mise en œuvre de l’harmonisation», de «l’élaboration de plans et programmes d’investissement en infrastructures» et du «transfert des actifs et avoirs de l’ONEE à la gestion déléguée». Ce dernier point sera suivi par une commission technique d’expertise qui sera également chargée d’une «mission d’évaluation, de diagnostic ainsi que d’inventaire des installations». On peut aisément imaginer que la proprieté des installations sera transférée à l’autorité délégante qui, elle-même, en confiera la gestion à Lydec. Un comité de suivi sera également mis en place afin de veiller à l’exécution des dispositions mentionnées par le protocole d’accord. Il devra être constitué de représentants de la wilaya, de l’autorité délégante, des préfectures et communes concernées, de l’ONEE et Lydec, du ministère de l’intérieur et du ministère de l’énergie, des mines, de l’eau et de l’environnement. Quant au «programme progressif d’investissement et le plan d’actions y afférent», ils «feront l’objet d’un avenant entre les parties concernées».
Si des questions restent toujours en suspens (Lydec et l’ONEE n’ont pas répondu à nos sollicitations), la finalisation de ce texte il y a quelques semaines prouve la disposition des parties prenantes à faire avancer le dossier. Ce décalage géographique, Lydec n’a bien sûr de cesse de le dénoncer. D’autant qu’il lui fait perdre des ressources financières inestimables, de par le système de péréquation entre métiers, qui veut que ce soit les recettes générées par la distribution d’électricité qui financent les investissements dans la distribution de l’eau et l’assainissement liquide. Si 73% du chiffre d’affaires de Lydec entre 2008 et 2012 proviennent ainsi de l’électricité, 69% des investissements du délégataire vont à l’eau et à l’assainissement liquide. La situation est d’autant plus urgente que l’urbanisation est galopante, notamment suite à l’ouverture de nouvelles zones d’urbanisation par les autorités dans le cadre du nouveau schéma directeur d’aménagement urbain de 2009.
En 2013 déjà, les prémices de cette harmonisation sont apparues. Au mois d’avril, et sur demande de l’autorité délégante et décision du comité de suivi de la gestion déléguée, la filiale marocaine de Suez Environnement reprenait ainsi en gestion l’activité d’éclairage public des secteurs périphériques de la Communauté urbaine de Casablanca (CUC), jusque-là assurée par l’ONEE. En conséquence, le parc des points lumineux géré par Lydec a ainsi augmenté de 18%. En outre, Lydec s’est vu attribuer en septembre 2013 l’alimentation en énergie du projet industriel Midparc, dans la commune de Nouaceur.
