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Culture

Fespaco 2019, grand-messe du cinéma africain

Dans un pays où le terrorisme, illustre inconnu jusqu’à il y a quelques années, est devenu une réalité, le cinéma est un moyen de redonner le sourire à toute une population. L’édition 2019 du Fespaco a été l’occasion pour les cinéastes, les citoyens du Burkina Faso, et la population africaine par extension, d’exprimer leur ras-le-bol des conflits qui ravagent le continent.

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Le Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision (Fespaco) célébrait cette année son demi-siècle d’existence. Il fallait se rendre à Ouagadougou, grand rassemblement  entre cinéastes et cinéphiles venus des quatre coins du continent mais aussi d’ailleurs, pour se rendre compte à quel point les burkinabés accordent de l’importance à cet événement qui glorifie le panafricanisme.

Dans les rues de la capitale, il était surprenant de constater les proportions que prend le festival dans le quotidien des citoyens de cette contrée du Sahel. Dans un pays où l’offre en divertissement manque cruellement, le Fespaco a mobilisé, du 22 février au 2 mars, une foule incommensurable. Aux portails de l’espace consacré au festival, le public cosmopolite formait une longue file. Pour accéder aux chapiteaux abritant les projections de films, l’attente pouvait durer à cause du dispositif de sécurité renforcé qui exerçait une fouille minutieuse à l’entrée, et pour cause. La capitale était en alerte rouge contre le spectre menaçant du terrorisme. Dans le nord du pays, deux militaires ont été tués et six autres blessés lors d’un attentat perpétré, le 14 février dernier, par un groupe djihadiste. Au Mali, voisin du nord, une explosion avait coûté  la vie à 17 civils.

En conséquence, la cérémonie de clôture du Fespaco était voulue porteuse d’un message de paix et de cohésion contre le terrorisme. Trois présidents africains s’y étaient rendus pour faire parvenir cette image : Roch Marc Christian Kaboré (Burkina Faso), Ibrahim Boubacar Keïta (Mali) et Paul Kagame (Rwanda). Ce dernier, dont le pays est l’invité d’honneur de cette édition, a remis lui-même le prestigieux Étalon d’or de Yennenga à son compatriote Joel Karekezi, récompensé pour son long métrage The mercy of the jungle (la miséricorde de la jungle), une fiction qui chante la gloire de deux soldats rwandais perdus dans un territoire ravagé par la violence.

Lors de cette 26e édition, tout comme dans les précédentes, la présence du Maroc était notable, tant au niveau de l’organisation qu’à celui de la participation. Royal Air Maroc a pris part, pour la 3e édition consécutive, au Fespaco en tant que sponsor et transporteur officiel. Présente dans de nombreux pays à travers le continent, la compagnie aérienne nationale y est également partenaire d’autres manifestations culturelles, tel que le festival cinématographique camerounais « Ecrans Noirs »  ou « le Marché des Arts du spectacle d’Abidjan » (Côte d’Ivoire).

Au niveau de la compétition officielle, la marocaine Selma Bargach n’a pas laissé le public indifférent avec son film Indigo, un long métrage qui raconte l’histoire d’une petite fille de 13 ans, Nora, qui se réfugie dans l’univers de la voyance pour échapper à son quotidien difficile. Si le film n’a pu remporter de prix au palmarès officiel, il s’est quand même vu décerner l’un des 11 prix spéciaux du festival, celui de la critique africaine Paulin Soumanon Vieyra.

Le deuxième marocain en compétition, Jawad Rhalib, a décroché l’Étalon d’argent dans la catégorie « Documentaire long métrage » pour son oeuvre « Au temps où les arabes dansaient ». Il y expose les facettes de l’identité culturelle que sont l’amour de la danse et de la musique, souvent occultés par les médias et les communautés occidentales au profit des images véhiculées par le fanatisme religieux.

Le Maroc a marqué tôt de son emprunte cette grand-messe continentale du septième art. Souheil Ben Barka a remporté l’Étalon du Yennenga en 1973, lors de la 4e édition du festival, pour son film « Les mille et une mains ». Trois autres réalisateurs marocains lui ont emboîté le pas depuis et décroché le précieux sésame. Il s’agit de Nabil Ayouch en 2001 pour son chef d’oeuvre « Ali Zaoua », Mohamed Mouftakir en 2011 pour « Pégase » et Hicham Ayouch en 2015 pour Fièvres. Hassan Benjelloun a remporté l’Etalon d’argent en 2005 pour « La Chambre noire », et Saïd Khallaf celui de bronze pour « A mile in my shoes » en 2017.

Voici un reportage photos realisé par La Vie éco pour vous faire revivre l’ambiance de ce festival et de sa cérémonie de clôture :