Affaires
Farine, beurre, huile, lait…, la hausse des prix risque de se poursuivre
Le beurre a atteint 50 DH le kg contre 25 DH l’année dernière.
L’augmentation des prix du blé provoque des hausses en cascade
: pâtes, couscous, farine…
Selon les industriels, la hausse des prix s’installera de manière
durable et les hausses au détail sont inévitables.

L’envolée des prix en ce début de Ramadan n’aura échappé à personne. Elle a été si forte, pour quelques produits, qu’elle n’a pas manqué de susciter des réactions. Que l’on en juge : le prix de la farine est passé de 4,50 à 5,50 DH, celui du litre d’huile de table a augmenté de 2 DH (12 DH au lieu de 10 DH) depuis juillet – c’est passé inaperçu, avant les vacances -, le kilo de couscous en vrac s’est renchéri de 1 à 1,50 DH (9 à 9,50 contre 8 DH) et celui des pâtes en vrac a gagné 1 à 1,20 DH (les marges d’augmentation diffèrent légèrement d’une ville à l’autre et même d’un quartier à l’autre, surtout dans les grandes villes). Le record des hausses revient au beurre, commercialisé ces jours-ci à plus de 50 DH/kg contre 40 DH auparavant. Le plus grave est qu’entre Ramadan 2006 et Ramadan 2007, il est passé du simple au double. Bien évidemment, les viandes (hors poulet dont le prix, qui stagne à cause de la baisse de la demande, était autour de 9,50 DH à 10 DH/kg départ ferme) et les légumes ne sont pas en reste : en quelques jours, le kg de viande ovine est passé de 58 DH à 60 puis à 64 DH. Et pour couronner le tout, la baguette de pain se vend désormais à 1,50 DH.
A quoi est due cette flambée des prix ? Les réponses recueillies auprès de quelques opérateurs n’apportent, malheureusement, que des mauvaises nouvelles. Non seulement l’envolée des prix va s’installer, mais le renchérissement est inévitable. La nouvelle la moins mauvaise est que l’augmentation des prix n’est pas le fait de spéculateurs, en tout cas pas au niveau du pays. Par ailleurs, ces augmentations, pour peu que l’on regarde les grandes tendances des cours mondiaux, étaient prévisibles.
Mauvaise récolte, forte demande et usage industriel ont créé une pénurie mondiale
Au centre des grands bouleversements, il y a le blé. A titre d’exemple, explique Mohamed Khalil, industriel dans le secteur des pâtes, la tonne du blé dur est passée sur les marchés internationaux et en six mois, de 320 dollars à 480 voire 500 dollars. Pourquoi alors les augmentations pour les produits dérivés du blé se sont-elles fait sentir seulement ces derniers jours et de manière aussi marquée ?
Il est expliqué que les industriels marocains disposaient de stocks et ont mis en attente leur décision, espérant que les cours allaient revenir à un niveau plus raisonnable. Cela n’a pas eu lieu pour plusieurs raisons. D’abord, le prix des céréales n’a pas bougé depuis plusieurs années et une augmentation devait intervenir, tôt ou tard, pour corriger cette «anomalie». Ensuite, les céréales, notamment le maïs, changent de destination. Au lieu d’être exclusivement destinées à l’alimentation humaine (le Maroc consomme 70 000 à 80 000 tonnes de pâtes et 120 000 à 150 000 tonnes de couscous par an) elles sont utilisées dans la fabrication de biocarburants.
La forte et brusque demande asiatique en céréales n’est également pas étrangère au dysfonctionnement entre la demande et l’offre, à laquelle se seraient ajoutés d’autres éléments conjoncturels comme une réduction des surfaces de céréalies au Canada, en Europe et aux USA par exemple. Il y a également, parmi les éléments non constants, la mauvaise campagne agricole en Italie, pays consommateur de pâtes.
Bien évidemment, dans le cas du Maroc, le blé étant à la base de la transformation de beaucoup de produits a donné des augmentations en cascade. Comme l’augmentation des prix des viandes puisque les aliments du bétail recourent à la même matière première. Le lait, en raison de la basse saison, est également en hausse et le lait en poudre est déjà touché par cette lame de fond. Les 25 kg de cette denrée qui, en 2006, étaient commercialisés autour de 800 à 900 DH ont atteint des prix avoisinant 1 500 DH, explique Brahim Boutegraï, qui dirige la société Stock Pralim. Le même opérateur explique que le renchérissement du prix du beurre a pour raisons, outre le prix du carburant et donc du transport, la sécheresse qui a touché les principaux pays producteurs comme l’Australie ou l’Inde. Celle-ci a d’ailleurs bloqué ses exportations en la matière, note-t-il. L’augmentation de la demande (le Maroc consomme 30 000 tonnes de beurre par an) n’a pas non plus arrangé la situation.
