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Evènementiel, un business juteux mais un marché étroit

Pour une manifestation, la marge nette peut atteindre 30 voire 40%.
Selon les professionnels, le marché ne peut accueillir plus de cinq grandes entreprises n Amateurisme, informel, beaucoup d’agences s’y mettent sans en avoir les compétences.

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Organisation d’un séminaire, lancement d’un nouveau produit, animation de stand dans un supermarché ou un salon…, pour ce genre d’opérations, les entreprises s’adressent de plus en plus aux agences spécialisées dans l’évènementiel, une niche des métiers de la communication. L’idée est de se débarrasser de tous les soucis liés à  la logistique, souvent très lourde surtout quand s’il s’agit de grands évènements pour lesquels il faut négocier différents types de services avec plusieurs prestataires.

Comme toute activité qui apparaà®t très lucrative, l’évènementiel attire de plus en plus d’investisseurs, souvent très jeunes. Pourtant, il ne se limite pas à  la seule logistique. Selon Adil Lazrak, DG de Capital Events, un événement est une opération de communication destinée à  faire passer un message. Il explique que la prestation comprend un volet conseil et l’analyse de la stratégie de communication. Par conséquent, estime-t-il, «la difficulté réside dans la cohérence entre l’évènement et la stratégie marketing». Pour lui, cette activité diffère de celle des producteurs de spectacles qui organisent, pour leur propre compte, des manifestations culturelles, soirées, concerts ou festivals. D’autres professionnels, à  l’instar de Mohammed Boutaleb, président de First Class Events, considèrent qu’elles en font partie.

Mais tous rappellent que, contrairement à  l’idée reçue, ce n’est pas un métier o๠l’on est à  la fête chaque jour. Selon Faris Taoufiki, DG d’Urban Média, «on déchante vite à  cause des nombreux problèmes quotidiens que l’on doit gérer» et de la concurrence de plus en plus féroce. Cette analyse est partagée par Hakim Chagraoui, DG de Casa Event.

A côté des grandes sociétés comme First Class Events, Capital Events, l’Evènementiel, il y a des petites structures, parfois à  la limite de l’informel, qui agissent de manière épisodique.

Une conférence pour 100 personnes peut coûter 500 000 DH
Dans un tel contexte, il est difficile de mesurer la taille du marché. Si l’on exclut les concerts et autres soirées organisés directement par les agences et les promoteurs individuels, «la clientèle est essentiellement constituée des administrations, des firmes multinationales et des banques», fait remarquer M. Lazrak.

Les budgets et les marges varient en fonction de l’événement et du cahier des charges. Ainsi, le lancement de Burn (concurrent de Red Bull mis sur le marché par Coca-cola), confié à  un groupe d’agences, a pu coûter, selon des professionnels, entre 2 et 3 MDH au minimum. Lorsqu’une banque fait organiser une conférence pour 100 personnes environ, le budget se situe entre 100 000 et 120 000 DH. Le budget d’une multinationale pour une conférence avec un même nombre de participants peut atteindre 500 000 DH. Cependant certaines soirées initiées par les entreprises sont difficiles à  estimer. Pour l’événement organisé à  l’occasion du lancement de la marque Gauloise, l’artiste convié aurait reçu un cachet de plus de 30 000 euros, selon les spécialistes, sans compter le coût de l’open bar pour 2000 personnes et la location du karting de Casablanca. De manière générale, le prestataire réalise pour ce genre d’évènement une marge nette de 30%. C’est différent quand il s’agit de l’organisation d’un spectacle. Pour un concert, par exemple, la location de la salle dédiée du Mégarama est facturée autour de 50 000 DH, un artiste (de notoriété moyenne) reçoit un cachet de 10 000 euros (110 000 DH). Si l’on défalque le montant des charges (sécurité, publicité…) estimé à  70 000 DH, l’organisateur peut s’en tirer avec une marge de 40 %, si les 800 places sont vendues. Selon Mehdi Damir, fondateur de l’agence Hocus Pocus et DG de Bull’L’Com, ce serait là  le cas idéal. Si l’événement, en revanche, est un fiasco, on essuye des pertes importantes. Ce n’est pas rare vu l’amateurisme de certains prestataires. A moyen ou long terme une sélection naturelle s’opérera et, vu la taille des budgets actuels, les professionnels estiment que le marché marocain de l’événementiel ne peut abriter, au plus, que cinq agences.

Festivals ou autres manifestations (ici le Festival de Casablanca 2005), l’évènementiel ne supporte pas l’amateurisme.