Affaires
Dromadaires, autruches, porcs, chevaux… 4 000 tonnes de viandes atypiques consommées chaque année
Après les bovins et les ovins, la viande de dromadaire est la plus populaire. Elle coûte 50 DH le kilo. 2 600 tonnes consommées en 2009.
L’autruche, un créneau porteur bien qu’encore embryonnaire. Le kilo coûte 120 à 150 DH.

Vous n’y faites peut-être pas attention dans les rayons de votre hypermarché, et pourtant les viandes d’autruche, de canard, de caille, de lapin, de porc, de dromadaire et de cheval y sont présentes. Bien sûr, le consommateur marocain reste peu friand de ce type de viandes, notamment en raison d’un prix parfois élevé.
Pourtant, 231 tonnes de viande de canard ont été contrôlées en 2009, et près de 213 tonnes à fin septembre 2010, d’après les chiffres communiqués par l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA). Sachant que les contrôles reflètent la consommation, à une petite marge près, les chiffres de l’ONSSA sont suffisamment révélateurs de la consommation de ce type de viandes.
Deux abattoirs pour la préparation de viande de canard et deux établissements pour la production de foie gras et charcuterie de canard sont agréés par le ministère de l’agriculture. De même, 78 tonnes de viande de lapin ont été contrôlées en 2009 et 60,5 jusqu’à fin septembre 2010. Cette filière dispose de trois abattoirs. 27,5 tonnes de viande de caille ont été contrôlées en 2009 et 22 jusqu’à fin septembre 2010.
Les sous-produits de l’autruche très recherchés dans l’industrie du luxe
Un seul abattoir est agréé par le ministère de l’agriculture pour cette espèce. Principalement destiné à la transformation, aux restaurants et aux hôtels, ce type de viandes est également commercialisé dans les grandes et moyennes surfaces. Quant à la viande d’autruche, particulièrement appréciée dans d’autres contrées pour sa faible teneur en matières grasses et en cholestérol, il s’en est consommé à peine 7,2 tonnes sur les 9 premiers mois de l’année. Deux abattoirs agréés sont dédiés à cette espèce. A noter que le kilo de viande d’autruche, nette et désossée, est vendu entre 120 et 150 DH. La dernière enquête menée en 2005 par le ministère de l’agriculture avait recensé 13 unités d’élevage d’autruches dans tout le pays.
Aujourd’hui, le cheptel national compte entre 2 500 et 3 000 têtes, selon les estimations de Abdellatif Belhaj, lui-même éleveur. Son exploitation, dans les environs de Témara, représente, à elle seule, un tiers du marché. «La viande d’autruche est principalement distribuée dans les grandes et moyennes surfaces», précise-t-il. Malgré le faible tonnage consommé au Maroc, l’affaire reste rentable pour M. Belhaj, compte tenu du prix observé au kilo. En outre, les autres produits issus de l’autruche, à savoir le cuir et les plumes, sont très recherchés, notamment par l’industrie du luxe.
«Partant des potentialités d’élevage que peut offrir le Maroc, notamment au vu des conditions climatiques, et compte tenu de l’énorme potentiel de valorisation des sous-produits, l’élevage d’autruche, dont l’activité reste encore très limitée, peut avoir un avenir prometteur au Maroc et mérite d’être soutenu. Le développement de la production d’autruches permettra de contribuer à la diversification des productions avicoles et partant à l’amélioration de la consommation des protéines d’origine animale», précise-t-on au ministère de l’agriculture.
«La valorisation de la peau constitue le créneau le plus important du développement de la production d’autruches. La mise en place de programmes de formation des tanneurs, en partenariat avec le ministère de l’artisanat, permettra de rehausser le niveau de professionnalisme des tanneurs marocains et d’offrir sur le marché une large gamme de produits élaborés en cuir», poursuit-on au ministère. D’autant que d’un point de vue purement pratique, l’élevage d’autruches n’est pas bien difficile à gérer.
160 abattoirs pour dromadaires et un cheptel de 190 000 têtes
Pour ce qui est de la viande de dromadaire, 2 600 tonnes ont été contrôlées en 2009 dans les 160 abattoirs que compte la filière. A fin septembre 2010, 2 350 tonnes ont été visées. Toutefois, il est difficile d’estimer précisément la production de viande de dromadaire, en raison des traditions d’élevage et de consommation (autoconsommation et faible intégration de la production de cette viande dans les circuits de commercialisation).
Le kilo de viande de dromadaire est vendu autour de 50 DH, ce qui explique sa plus forte popularité dans les boucheries du pays. D’après les statistiques de 2009 du ministère de l’agriculture, le cheptel de dromadaires s’élève à près de 190 000 têtes, dont 87% est élevé dans le sud du pays. Dans la catégorie de ces «viandes atypiques», il faut ajouter le porc et le cheval. Pour le premier, 133 tonnes ont été contrôlées par l’ONSSA en 2009, et 69 à fin septembre 2010. La filière dispose de deux abattoirs et deux établissements de production de produits de charcuterie porcine agréés par le ministère. L’ONSSA précise que la viande porcine importée est destinée en grande partie aux équipages des navires étrangers qui font escale au maroc. 290 tonnes ont ainsi été importées et contrôlées par l’ONSSA, et 117 tonnes à fin septembre 2010. Pour la viande de cheval, 928 tonnes ont été contrôlées à fin 2009 et 613 tonnes pour les 9 premiers mois de l’année en cours.
A l’exception de la viande porcine principalement vendue en grandes et moyennes surfaces, les viandes de cheval et de dromadaire sont commercialisées directement et librement dans les boucheries.
