Dette privée, il était une fois un marché dynamique aujourd’hui en quasi-stagnation

• Alors que l’encours des certificats de dépôts est en quasi-stagnation, celui des bons des sociétés de financement ressort en hausse.
• Le segment des billets de trésorerie en forte baisse.
• Plusieurs émetteurs s’orientent vers des opérations de placement privé.

Le marché des titres de créances négociables n’est plus aussi dynamique qu’auparavant. Depuis quelques années, il affiche des baisses ou, au mieux, une quasi-stagnation comme c’est le cas de cette année. A fin octobre, les émissions globales ont cumulé 51,9 milliards de DH, contre 60,2 milliards une année auparavant, soit une diminution de 13,7%. L’encours global, lui, a atteint 89,7 milliards de DH, en hausse de 1% seulement par rapport à la même période de l’année précédente. Alors que l’encours des certificats de dépôts affiche une légère baisse de 0,4% à 59,5 milliards de DH, celui des bons des sociétés de financement enregistre une augmentation de 7,6% à 28,8 milliards de DH. En revanche, le segment des billets de trésorerie a essuyé une perte de 40,5% pour totaliser 1,3 milliard de DH.

Sur le marché des certificats de dépôts et à l’instar de l’année précédente, Attjariwafa bank, la SGMA et la BOA ont accaparé plus de 50% des levées avec 11,3 milliards de DH, 10 milliards et 8,7 milliards respectivement. Les autres levées sont réalisées, entre autres, par CAM avec 7,7 milliards, BMCI avec 6,7 milliards et CIH avec 5,6 milliards de DH.

Les banques ont maintenu plus ou moins le même rythme des levées, en dépit du besoin de liquidités des banques qui est toujours élevé, quoi qu’en ralentissement d’un mois à l’autre. Il se chiffre actuellement à environ 74 milliards de DH, contre 83 milliards en octobre dernier. Notons que cet allègement est redevable à l’amélioration des réserves de change, consécutivement aux opérations de rachat de devises qu’avait menées Bank Al-Maghrib. Il faut dire que les banques n’ont pas grand besoin de solliciter des ressources financières du marché de la dette privée, non parce que le besoin de financement ne s’en trouve pas pressant, mais parce que la banque centrale continue de satisfaire l’intégralité des demandes des banques. Le taux de satisfaction est de 100%, quel que soit le type de refinancement réclamé. Cela d’un côté, de l’autre, le coût de refinancement sur le marché de la dette est plus élevé que celui de l’institut d’émission. D’où le recours au marché des adjudications de BAM.

Le segment des bons de sociétés de financement, lui, s’est démarqué des deux autres avec une hausse de l’encours de 7,6%. Wafasalaf, Maghrebail, Eqdom et Sofac représentent le gros de l’encours avec un poids de 72%. En effet, elles ont levé, dans l’ordre, 6,2 milliards de DH, 5,5 milliards, 5 et 4,1 milliards. Le reste est réalisé par RCI Finance (2,5 milliards de DH), Sogeleace (2 milliards), Salafin (1,8 milliard) et Wafabail (1,6 milliard). Ce segment a connu un fort ralentissement consécutivement à la baisse de la demande sur les crédits des sociétés de financement. D’ailleurs, l’encours des BSF n’avait enregistré qu’une hausse de près de 6% en 2020, compte tenu du fait que les sociétés de financement n’ont pas eu recours à ce marché. Cependant, en cette année, l’encours des crédits à la consommation destinés aux ménages ressort en hausse de 5,5% à fin septembre, atteignant 66,8 milliards de DH, contre une timide progression de 0,4% à la même période une année auparavant. En revanche, l’encours des crédits accordés aux sociétés non financières privées affiche un recul de 3% à 53 milliards de DH. Notons qu’il était déjà en baisse de 4,4% de janvier à septembre de 2020. Cependant, cette évolution ne montre pas forcément un recours massif des sociétés de financement au marché de la dette privée, puisque les émissions globales de ces sociétés ne totalisent que 7,5 milliards sur les 10 premiers mois de l’année, en retrait de 2% par rapport à fin octobre 2020. C’est dire qu’il s’agit davantage de remboursements dus et non encore échus, auxquels s’ajoutent quelques opérations d’émission.

S’il y a un segment qui a essuyé une perte conséquente, c’est bien celui des billets de trésorerie, puisque, pour rappel, l’encours a perdu 40,5%. Trois sociétés seulement ont accumulé un encours de 1,3 milliard de DH. Il s’agit de Managem avec 1 milliard, Résidences Dar Saada avec 297 MDH et Aradei Capital avec 50 MDH. Pour leur part, les émissions ont affiché une régression de 39% à 2,2 milliards de DH. En tout cas, quel que soit le segment du marché de la dette, les OPCVM captent une grande part des souscriptions avec un poids de 70%, suivis des établissements de crédit, des assurances et plusieurs organismes de prévoyance.

Il est à signaler que plusieurs émetteurs s’orientent vers les placements privés. En effet, le marché de la dette privée est toujours animé par ce type d’opérations. Les émissions ont cumulé à fin octobre plus de 8 milliards de DH, sauf que ce volume ressort en forte baisse par rapport à celui enregistré l’année dernière à la même période, de 37%.