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Dattes : Après une envolée ces dernières années, baisse de régime

La production des dattes devra baisser de 30% cette année, selon l’interprofession Maroc Dattes, à cause principalement de la sécheresse et des incendies subis par la région Drâa-Tafilalet. L’Etat est appelé à soutenir davantage un secteur qui contribue à la préservation de plus de 12 000 emplois et qui garantit 50% des revenus agricoles pour plus de 2 millions de citoyens.

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Le Salon international des dattes se tient cette année sur fond de crise de la filière phoenicicole. La dynamique enclenchée ces dernières années en termes de records de production marquera le pas cette année. «La production va baisser de 30% cette année et elle risque de s’accentuer les prochains mois», confie Sidi Mohamed Rachid Hamidi, vice-président de l’interprofession Maroc Dattes et Président de l’Association des investisseurs du palmier-dattier. Cette baisse de régime s’explique par deux éléments liés principalement aux changements climatiques, à savoir la sécheresse et les incendies. Le barrage Hassan Dakhil situé dans la région de Tafilalet, l’une des principales sources hydriques de la région, est quasi sec, ainsi que pour les nappes phréatiques. Une situation qui a impacté considérablement les oasis de la région Drâa-Tafilalet qui concentre près de 85% de la production nationale en dattes.

Appel pour la protection des oasis
En plus de la sécheresse, «la petite ville d’Aoufous, dans la province d’Errachidia, a subi des incendies importants cette année, ravageant près de 9 km d’oasis», précise M.Hamidi. Alors que la campagne 2020-2021 avait réalisé un volume record en production nationale de 147 000 tonnes de dattes, cette année la situation semble être dramatique pour les professionnels. Elle sera, par ailleurs, compensée par l’entrée en production des palmiers-dattiers plantés dans le cadre du Plan Maroc Vert, puisque chaque année plusieurs unités de productions de 100 à 300 hectares de superficie entrent en service.
Le salon Sidattes qui se tient du 27 au 30 octobre à Erfoud servira ainsi de plateforme d’échanges, mais aussi de plaidoyer pour les professionnels.
«Nous saluons la tenue de ce salon qui apporte beaucoup à la filière, notamment en termes de communication, de partenariats et d’échanges. Toutefois, je pense que l’Etat doit renforcer ses actions en faveur des oasis et leur protection», lance notre interlocuteur. Il préconise un programme de protection des oasis contre les incendies à court terme, notamment en mettant en place des puits près des oasis pour faciliter la tâche aux agents de protection civile, ainsi que des gorges de 10 à 20 mètres entre les oasis afin de stopper l’avancée des incendies.

Les intermédiaires font la loi
Autre problématique du secteur : la spéculation. Un kilo de Mejhoul est vendu entre 30 et 40 DH par les agriculteurs pour être revendu par la suite aux consommateurs finaux à des prix qui atteigent parfois 200 dirhams. Trois à 5 intermédiaires peuvent intervenir dans la chaîne de commercialisation, ce qui interpelle l’Etat sur le manque de contrôle du marché local. «Les Tunisiens, les Algériens et les Egyptiens proposent des dattes à des prix compétitifs sur le marché local. Ceci est possible grâce à la valorisation de leurs produits mais surtout grâce à un contrôle de leur marchés où il n’y a pas beaucoup d’intermédiaires», explique M. Hamidi.
Rappelons qu’un contrat-programme ambitieux de la filière des dattes a été lancé en 2011 et dont les résultats sont probants. Parmi ses objectifs, on note la réhabilitation et la reconstitution des palmeraies existantes sur une superficie globale de 48 000 ha, la création de nouvelles plantations, à l’extérieur des palmeraies, sur une superficie de 17 000 ha et la réalisation d’une production en dattes de 160 000 T en 2020 contre 90 000 T en 2011.

Les principales régions de production

Drâa-Tafilelt

Elle dispose d’une superficie de plus de 48 453 hectares comprenant les nouvelles zones d’extension du palmier-dattier sur l’axe Meski-Boudnib. La production des dattes dans cette région atteint en année normale 94 000 tonnes pour la période 2010-2018, soit 85% de la production nationale. Le territoire emploie plus de 100 000 producteurs rassemblés en 21 groupements d’intérêt économique.

Souss Massa

La région dispose d’un patrimoine phœnicicole important qui s’étale sur une superficie de 8 000 Ha. Les agriculteurs de la région se sont organisés en groupements d’intérêt économique en vue de valoriser leur production qui s’élève à 8 041 T.

Figuig

Le palmier-dattier constitue le pilier fondamental de l’écosystème oasien de cette région. Sa culture couvre une superficie de 1 787 hectares pour une production annuelle moyenne de 4 000 tonnes, soit 4% de la production nationale. Le secteur génère des revenus à quelque 1 500 agriculteurs.

Guelmim Oued Noun

Sur une superficie d’environ 1 400 hectares, la région produit chaque année environ 3 000 T de dattes (moyenne 2010-2018), soit 3% de la production nationale. Les phœniciculteurs locaux ont adhéré à 2 groupements d’intérêt économique.