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Affaires

Crédit à  la consommation : 4 milliards de DH de créances en souffrance !

Le taux des créances en souffrance est passé de 17% en 2003 à  11,7% en 2008. Un niveau encore supérieur à  celui observé dans les banques : 7,9%.
Les sociétés de financement réclament au fisc la possibilité de passer en pertes les créances en souffrance depuis plus de 8 ans.

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Malgré l’évolution rapide des encours des crédits à la consommation, les sociétés de financement semblent maîtriser de mieux en mieux le risque. C’est du moins ce qui ressort des derniers chiffres relatifs aux créances en souffrance fournis par l’Association professionnelle des sociétés de financement (APSF). Ainsi, sur un encours des crédits de 34,8 milliards de DH, à fin septembre 2008, le montant global des créances en souffrance s’élevait à 4,06 milliards de DH, soit un taux de 11,7 %. Un tel taux est, certes, plus élevé que celui observé dans les banques, à savoir 7,9% seulement. Mais c’est davantage l’évolution du poids des impayés durant ces cinq dernières années qui retient l’attention. En effet, le taux des créances en souffrance culminait en 2003 à 17,1%. Il est passé successivement à 15,7% en 2006 puis 12,8% en 2007.
Sur les 4,06 milliards de créances en souffrance, on signalera que la plus grosse part est imputée aux prêts dits non-affectés (PNA), soit 2,42 milliards de DH contre 1,65 milliard pour les prêts affectés. Une répartition somme toute normale, puisque les seconds sont généralement assortis d’une garantie, le plus souvent un véhicule donné en nantissement, alors que les premiers sont des prêts personnels accordés à la clientèle en espèces.
En plus du taux, la maîtrise du mauvais risque se mesure aussi par l’évolution du volume des créances en souffrance. La preuve, elles totalisaient 3,93 milliards de DH à fin 2007, auxquels sont venus s’ajouter 135 millions de DH au terme des 9 premiers mois de 2008. «L’augmentation du volume des créances en souffrance est en corrélation directe avec l’augmentation de l’encours des crédits. C’est le pourcentage de ces créances dans cet encours, dont la croissance est plus rapide, qui constitue l’indicateur le plus édifiant», explique Mustapha Melsa, directeur délégué de l’APSF.
Selon ce dernier, la baisse du taux des crédits compromis découle d’une multitude de mesures prises depuis fin 2002 (date de création du système d’aide à l’appréciation des risques) par les sociétés de crédit à la consommation. «A commencer par la chasse aux revendeurs d’équipements électroménagers qui pratiquaient le crédit», confie un responsable d’une société. Appelés «carambouilleurs» dans le jargon du secteur, certains revendeurs d’électroménager accordaient en effet à leurs clients des crédits en numéraire tout en déclarant à la société de crédit la vente d’un matériel électroménager.
Aujourd’hui, l’APSF s’engage sur un nouveau front dans la bataille contre les créances en souffrance. En effet, les sociétés de financement réclament à la direction générale des impôts (DGI) le droit de passer par pertes les créances compromises qui ont plus de 8 ans d’âge, à l’instar de ce qui est pratiqué par les banques. «Ce délai pourrait même passer à 5 ans, mais sous conditions», indique M. Melsa.
Signalons que les règles prudentielles de Bank Al Maghrib obligent aujourd’hui les sociétés de financement à considérer les crédits comme pré-douteux au bout de 4 impayés. A partir de la 7e échéance impayée, le prêt est considéré comme douteux, alors qu’il passe en créance compromise au terme de la 9e échéance.