SUIVEZ-NOUS

Affaires

Construction en bois : un marché encore embryonnaire mais qui croît rapidement

Les charpentes en bois lamellé collé de plus en plus favorisées par les prescripteurs et les donneurs d’ordre pour des bà¢timents tertiaires ou des infrastructures. De plus en plus d’acteurs locaux et étrangers, notamment français, investissent ce segment.

Publié le


Mis à jour le

construction En Bois Maroc 2013 01 30

Encore limité au Maroc, le marché de la construction en bois semble être promis à un bel avenir. Le segment du bois lamellé collé, spécifiquement, recèle le plus d’attrait. Il s’agit d’un matériau consistant en lamelles de bois collées, façonnées sous forme de poutres qui peuvent être utilisées comme éléments de structure en remplacement du béton par exemple. «Ce procédé séduit de plus en plus les prescripteurs et les donneurs d’ordre», assure Abdelkrim Laabi, directeur général de Sedec. Pionnière dans le marché du bois lamellé collé au Maroc, cette entreprise en exercice depuis 1960 compte plusieurs réalisations de charpentes en bois à son actif dont une trentaine de salles omnisports (sur une quarantaine réalisées au niveau national). Ce dernier type d’installations figure d’ailleurs parmi les premiers usages du bois lamellé collé, mais ces dernières années ce procédé s’est élargi à d’autres usages tels que les passerelles et les ponts ou encore les dépôts et hangars industriels. De nouveaux débouchés qui font croître le marché de manière sensible, assure M. Laabi qui rechigne toutefois à dévoiler des chiffres.

Ce développement attise les convoitises d’opérateurs français qui ont intensifié leur présence au niveau local, quitte à faire du dumping, selon les professionnels. Les investisseurs nationaux ne sont pas en reste dont notamment Ar corporation Group (société mère de Jet Alu Maroc) qui s’est lancé il y a un peu plus d’un an dans l’activité des charpentes en bois lamellé collé à travers une filiale dédiée, Mea Wood. Confortée dans l’attrait de ce marché, celle-ci passe à présent à la vitesse supérieure et devrait inaugurer en avril prochain une usine entièrement automatisée de bois lamellé collé à Bouskoura, comme l’assure Amine Daoudi, directeur général de la filiale.

Il se vend très peu de maisons entièrement en bois

D’autres investisseurs lorgnent ce marché, ce qui fait dire à M. Laabi qu’un meilleur encadrement de la profession par les pouvoirs publics doit accompagner cet afflux de nouveaux acteurs. «Aujourd’hui, de simples importateurs ou distributeurs de pièces finies se disent spécialistes de la construction en bois, alors qu’en France, par exemple, cette dénomination ne peut s’appliquer qu’aux entreprises disposant de moyens de conception, de fabrication et de montage de structures en bois», insiste le directeur de Sedec.

Outre le fait de favoriser la professionnalisation du secteur, les pouvoirs publics sont attendus pour la mise en place d’une réglementation volontariste pour la construction en bois. Il s’agit spécifiquement de la Réglementation thermique des bâtiments au Maroc (RTBM) promise pour l’année en cours. Celle-ci pourrait ouvrir de nouveaux débouchés notables pour le secteur dans la mesure où le bois permettra de se conformer à moindre coût aux contraintes de la nouvelle réglementation (isolation thermique notamment) de par ses propriétés (non-conducteur…). L’exemple de la France, là encore, alimente ces espoirs. «En une dizaine d’années, la part des maisons en bois y est passée de 5 à 12% grâce à une réglementation volontariste», assure M. Laabi. Quant au Maroc, avec un coût supérieur aux logements classiques, les maisons réalisées entièrement en bois restent une niche très limitée. Sedec, par exemple, n’en vend que quelques dizaines par an en tant que résidences secondaires installées en montage ou en milieu rural. Dans l’immédiat, les professionnels misent plus sur l’usage du bois dans le résidentiel comme élément de la structure combiné à des matériaux plus classiques.

Mais avant d’y arriver, il faudra davantage former les intervenants dans la construction (ingénieurs, bureaux d’étude, architectes, artisans…) à l’usage du bois. Un chantier auquel s’attaque déjà le Centre technique des industries du bois et de l’ameublement (CTIBA) qui répond également aux besoins des opérateurs en matière de contrôles obligatoires et d’essais. Mais avec tout ça il reste à solutionner la problématique de la matière première. En dépit des 9 millions d’hectares de forêts dont dispose le Maroc (plus de 10% du territoire national), 90% du bois utilisé au niveau local est importé, selon les professionnels. Il y a même encore peu, cette matière importée était frappée d’un droit de douane de 12% alors que les produits finis en étaient exonérés. Une aberration qui a été corrigée récemment par un alignement des deux types d’importation à 12%.