Affaires
Chômage élevé en ville, « plein emploi » dans le rural !
114 000 emplois créés en 2013 contre 1000 en 2012. Il faudrait entre 173 000 et 250 000 emplois par an pour résorber la demande additionnelle d’ici 2030.

Les statistiques sur le marché du travail en 2013 que le Haut commissariat au plan (HCP) vient de publier, peuvent être lues de différentes façons. Certains peuvent se réjouir que l’économie ait pu malgré tout créer 114 000 postes d’emplois, en comparaison avec le chiffre historiquement le plus bas réalisé en 2012 (1000 emplois) ; même si, transition démographique oblige, il faudrait créer davantage d’emplois pour espérer, d’ici 2030, résorber la demande additionnelle qui s’exprime chaque année (entre 173000 et 248000 nouveaux actifs chaque année, suivant l’hypothèse du taux d’activité retenu, selon les travaux de prospective du HCP).
D’autres préféreront se focaliser sur l’augmentation, certes légère, du taux de chômage, passé de 9% à 9,2% entre 2012 et 2013 au niveau national, de la stagnation à 9,2% du sous-emploi et, last but not least, de la perte de 50 000 emplois dans le BTP, un secteur traditionnellement gros employeur (55 000 emplois en moyenne entre 2008 et 2011), mais en récession depuis deux ans.
Entre ces deux attitudes, un constat s’impose : bon an, mal an, la situation du marché du travail, finalement, ne fait que refléter la structure de l’économie nationale. Ce que cela veut dire? Que le seul secteur qui est plus ou moins constant en termes de création d’emplois, c’est celui des services (101 000 postes en 2013). Ceci est la confirmation de ce que l’on sait déjà, c’est-à-dire la prédominance du tertiaire dans l’économie (50% du PIB).
L’emploi, un grand défi en milieu urbain
Les deux autres secteurs, le secondaire et le primaire, étant grosso modo dépendants, surtout pour certaines de leurs branches d’activité, de la demande étrangère pour le premier, des conditions climatiques pour le second. L’industrie, branche du secteur secondaire, n’a, en 2013 par exemple, créé que 5000 emplois ; et l’agriculture, en raison de la bonne campagne 2012/2013 (ses effets chevauchant deux exercices) en a crée, en net, 58000. Et ce n’est pas nouveau: entre 2000 et 2010, l’industrie y compris l’artisanat a créé en moyenne 10000 emplois par an, quand les services en ont créé 84 000 par an en moyenne. L’industrie reste donc le talon d’Achille en matière d’emploi.
L’autre constat à faire à partir des chiffres du HCP, c’est que le milieu rural est en situation…de plein emploi. Avec un taux de chômage de 3,8% en 2013, on dépasse même la norme du plein emploi qui est de 5% de taux de chômage. Inutile de rappeler que ce chiffre correspond à la situation telle qu’elle est mesurée par des outils statistiques et des normes fixés par le Bureau international du travail (BIT). Faut-il revoir les normes du BIT en matière de définition du chômeur ? La question vaut au moins d’être posée.
En tout cas, aujourd’hui, tel qu’il est mesuré, le chômage au Maroc, et ailleurs aussi, est surtout un phénomène urbain. Et comme l’urbanisation progresse à une vitesse grand V (quelque 60% de la population au Maroc est urbaine), l’emploi en ce milieu devient un énorme défi pour les pouvoirs publics.
