Rémunération : le casse-tête des entreprises pour 2015

Les entreprises prévoient des augmentations extrêmement prudentes, aux alentours de 2%. Le challenge est de gagner en marges de manÅ“uvre et mieux corréler performance et rémunération.

Gérer les promotions, réduire les écarts de salaires entre hommes et femmes, respecter les minima sociaux et motiver son équipe… Le tout avec une enveloppe prévisionnelle d’augmentation revue à la baisse à seulement 2%. Tel était le casse-tête des entreprises en 2014. L’étude de rémunération du cabinet Deloitte menée auprès de 350 entreprises et basée sur
750 000 données individuelles de salaire au sein de neuf secteurs d’activité (distribution, grande consommation, assurance, finance, industrie de la santé, industrie de transformation, high-tech, énergie et services) a montré que la mission s’est révélée impossible et les augmentations moyennes sont finalement restées stables par rapport à 2013, à 2,6%. Selon les responsables de l’enquête, «dans un contexte d’inflation très faible auquel s’ajoute l’effet plancher» lié à l’impossibilité de baisser les salaires, les entreprises ont eu du mal à tenir les objectifs. Un scénario qui a de fortes chances de se reproduire en 2015.

Les entreprises tablent en effet une nouvelle fois sur des prévisions d’augmentation «extrêmement prudentes» (2,7% pour celles ayant un chiffre d’affaires de moins de 100 millions d’euros et 1,9% pour celles au chiffre d’affaires de plus de 500 millions d’euros).

Hauts potentiels et bas salaires mieux servis

Deux profils pourraient toutefois tirer leur épingle du jeu: les hauts potentiels et les bas salaires, «qui sont mis en exergue pour sept sociétés sur dix», selon l’étude. Pour un bas salaire, une hausse de seulement 10 ou 20 euros par mois fait déjà la différence, tandis que les hauts potentiels sont stratégiques pour des entreprises qui doivent maintenant améliorer leur performance pour augmenter leur chiffre d’affaires après avoir longtemps réduit leurs coûts.

Les femmes pourraient aussi profiter des efforts de certaines entreprises pour réduire les écarts de rémunération avec leurs collègues masculins. En 2014, l’écart (salaire minimal et rémunération totale) a ainsi connu «un léger resserrement» (entre 0,5 et 1%) selon Deloitte. Il y a un bel effort des entreprises qui consacrent (pour certaines) 25% du budget augmentation à réduire ces écarts, provoquant «un effet carotte et bâton», entre pression du législateur et «prise de conscience» des entreprises. Mais il reste encore beaucoup à faire, notamment au sommet de la hiérarchie où les écarts (à responsabilité égale) atteignent toujours 4,5% pour les cadres et 7,1% pour les cadres supérieurs contre 2,6% pour les non-cadres. Dans ce contexte, le recours aux augmentations individuelles devrait aussi continuer à s’affirmer comme une tendance de fond.