Prise de parole en public : osez l’approche en conscience

L’approche en conscience alterne un ensemble d’exercices dont la respiration et la gestuelle.
Le manque de clarté, la longueur excessive du discours et les répétitions font décrocher l’auditoire.

Aujourd’hui, plus que jamais, renforcer l’impact de sa communication orale est une nécessité dans l’entreprise. Pourquoi ? Parce qu’être à l’aise devant un groupe est primordiale pour atteindre ses objectifs professionnels, se donner un avantage concurrentiel. Cette habileté est un des moyens les plus efficaces pour partager sa différence, promouvoir son activité, la développer. Que ce soit pour le lancement d’un produit, pour une présentation d’un projet, ou seulement pour une réunion interne, c’est en ces lieux et moments que se joue la crédibilité de l’entreprise.

Tout d’abord, nous assistons souvent auprès des intervenants au même piège : ne pas se poser la bonne question de départ. Car l’important n’est pas ce que j’ai à dire, mais ce que mon public doit retenir et ressentir. Trop peu se placent dans cette logique qui vise à satisfaire deux critères attendus par tout auditoire: «J’ai compris et j’ai envie». A ce propos, on relève  que de nombreux écueils sont observés, et qui conduisent souvent au décrochage fatal de l’auditoire. Nous pouvons citer le manque de clarté et de structuration du propos, la longueur excessive du discours, les détails et chiffres à profusion, les répétitions. En fin de compte, l’auditoire s’ennuie, perd la concentration et, le plus grave, repart sans retenir et ressentir le message essentiel de l’intervention. Pourquoi d’autres, à l’inverse, parviennent à véhiculer enthousiasme, énergie et émotion… et au final, à captiver toute la salle ? Deux attitudes se dessinent face à cette réalité : soit on se persuade que ce n’est pas pour nous et l’on baisse les bras, soit on essaie de comprendre comment ceux qui y arrivent avec succès l’ont appris. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il y a énormément de travail et d’expérience derrière chaque bon orateur : c’est 10% de talent pour 90% de transpiration. Et on retrouve les mêmes effets chez tous : simplicité,  fluidité, rythme, énergie partagée…

Le non-verbal est décisif

Comment font-ils ? C’est avant tout avoir la conscience qu’une prise de parole en public est une intervention théâtrale qui met en lumière le jeu qui se met en scène. Or, l’arrière-scène nous renseigne souvent sur un déficit de sueur des dirigeants lors des interventions. Négligence, désintérêt ou manque de prise de conscience de l’importance du rôle de communicant des managers… Rares sont ceux qui réalisent que s’exprimer en public n’est pas une compétence innée. Bien sûr, ces dirigeants vivent des réalités complexes au quotidien et sont plus concentrés sur la gestion opérationnelle. Sans oublier que la plupart restent cloisonnés dans leur statut, et sont entourés de personnes qui les caressent dans le sens du poil, renforçant un excès de confiance. «Je suis dirigeant, donc je suis naturellement bon». Du coup, par manque de conviction, d’énergie, ils font le strict minimum, et même moins. Résultat, ils ont du mal  à convaincre. Concrètement, qu’est-ce qui rentre en jeu ? Parler en public, c’est être vu, regardé, observé.

Donc c’est s’exposer avec ce qui se passe à l’intérieur de soi. Tout parle: le corps parle, le regard parle, l’intonation de la voix parle, mais pas seulement. Nos émotions aussi sont là, avec la respiration… Et c’est tout l’enjeu du non-verbal. Et le fait de bouger, de sourire, de regarder ou non ses notes…, c’est ce que les autres perçoivent sans que l’on s’en rende forcément compte. Car, avant même d’écouter ce que nous disons, ils vont se fabriquer une image de nous en quelques secondes. C’est la force de l’image avant le choc de mots…

Devenir conscient de ce qui se passe à l’intérieur de soi et le comprendre est une aventure intérieure pour se connaître tout naturellement. Et plus j’apprends à cohabiter avec qui je suis, plus je réconcilie la forme et le fond, le corps et l’esprit, les sensations et le sens. L’approche «en conscience» consiste à installer un espace de conscience pour explorer ses mécanismes de projections, transformer ses obstacles en ressources et enfin ancrer ses talents. C’est une approche effectivement peu traditionnelle qui fait appel à un ensemble d’exercices: respiration, corps, dialogue intérieur… et qui permet une réelle connexion à soi: être dans l’instant et laisser émerger ses potentialités. Et le message dans tout ça?

Bien travailler sa présentation Powerpoint n’est pas suffisant

En se réappropriant tout le non-verbal, on accède à notre liberté créatrice. Notre intelligence se révèle et le message devient plus clair, plus pertinent et authentique. D’ailleurs, ce que j’observe, depuis deux ans que j’accompagne des dirigeants dans leur prise de parole en séances individuelles, c’est non seulement une grande réceptivité à cet accompagnement, mais surtout une transformation rapide.Car «prendre la parole en public» devient alors une source de pouvoir, de confiance, d’énergie et de création.

D’autre part, quand on décide de prendre la parole en public, il faut éviter deux écueils à mon sens : penser que travailler son diaporama Powerpoint est suffisant ou se dire qu’il ne sert à rien de préparer son intervention.
En fin de compte, le fait de captiver son public et de faire passer le bon message commence avant la prise de parole. D’abord, savoir ce que je veux que mon auditoire retienne. Ensuite, il s’agira de structurer ses idées et d’être percutant. Enfin, il faudra créer la relation avec le public et la maintenir dans le temps et dans l’espace avec une énergie adaptée à la situation pour affirmer sa propre pensée.