Mobilité externe : Avis d’Ali Serhani, Consultant associé du cabinet Gesper Services

La peur de l’inconnu prend le dessus sur l’envie
de changer d’air
De nos jours, l’esprit d’appartenance est rare. La moyenne de fidélité à une seule entreprise dépasse rarement les 12 ans. Cependant, il nous arrive de pister des cadres qui ne veulent pas changer d’employeur car comme dit l’adage marocain : aucun chat ne fuit les lieux de festivités. Et donc, certainement plusieurs d’entre eux occupent des postes de responsabilité dans des grands groupes, nationaux ou internationaux, où ils bénéficient notamment de nombreux avantages sur le plan financier et autres. A ce niveau, on doit noter que les entreprises les plus structurées planifient des plans de carrière pour leurs cadres de façon à entretenir leur motivation mais aussi leur fidélité.
Rester durablement dans une entreprise présente tout de même quelques avantages et non des moindres, à savoir accumuler au fil des ans une bonne expérience professionnelle que l’on peut mettre à profit ailleurs. De l’autre côté, il ne faut pas oublier qu’en changeant d’entreprise, l’individu développe sa capacité d’adaptation à chaque fois.
Il nous arrive également d’être approchés par ce que j’appelle personnellement des «mercenaires», des candidats qui nous sollicitent pour un emploi mais qui finissent par renoncer aux offres qu’on leur soumet. Tout ce qui leur importe, c’est de jauger leur valeur sur le marché afin de négocier en interne.
De mon point de vue, les raisons à la stabilité se résument en deux points. D’abord, la peur de l’inconnu. Les individus savent ce qu’ils perdent en quittant mais ne savent pas forcément ce qu’ils vont gagner ailleurs. Parfois même en temps de crise, il est préférable de douter. Il faut en quelque sorte redoubler de prudence et ne songer à quitter son emploi qu’après avoir eu la certitude d’en trouver un autre. Et même si toutes les chances sont de leur côté, il y en a qui ont peur d’aller affronter leur employeur, de le prendre au dépourvu, le trahir en quelque sorte. A moins qu’il y ait véritablement un problème relationnel qui conduit irrémédiablement à la séparation. C’est pourquoi on voit très souvent que certaines démissions se font en catimini. Le deuxième aspect est malheureusement lié à l’âge. Nous voyons trop souvent que certains préfèrent en fin de carrière ne pas s’aventurer parce que le marché du travail ne leur offre pas assez d’opportunités.