L’ESCA au cÅ“ur d’un débat sur la géopolitique à Grenoble
Du 23 au 27 mars, Grenoble Ecole de Management et l’ESCA de Casablanca reçoivent à Grenoble d’éminents spécialistes pour débattre de géopolitique sur fond de risque nucléaire au Japon et de révolutions arabes.
«En 2010, 60% des investissements étrangers du Maroc se font avec l’Afrique de l’ouest. Ce taux n’aurait jamais pu être atteint sans une géopolitique de l’Etat marocain tournée vers l’Afrique. C’est dire que cette dernière peut être un catalyseur comme elle peut être un frein à l’entreprise marocaine». C’est en ces termes que s’est exprimée Bouchra Rahmouni Benhida, docteur en économie internationale et professeur chercheur à l’Ecole supérieure de commerce et d’administration (ESCA), lors de la troisième édition du Festival géopolitique et économique organisée à Grenoble par Ecole de management. C’est l’une des meilleures écoles supérieures françaises (50e MBA au monde sur 200, 27e meilleure école européenne sur 75 et 6/7e meilleure école en France).
La rencontre organisée du 24 au 27 mars s’est penchée justement sur un thème d’une actualité brûlante : «Un monde d’urgences, risques et défis géopolitiques d’aujourd’hui». Cela se passe en effet à un moment où le Japon connaît une catastrophe naturelle sans précédent, couplée cette fois-ci avec un risque nucléaire certain, et où les peuples arabes se révoltent les uns après les autres contre des pouvoirs non démocratiques. Deux conférences dans cette rencontre ont été d’ailleurs consacrées au Japon et au risque nucléaire avec un hommage particulier rendu au peuple nippon. Cependant, «être collé à l’actualité ne signifie pas tomber dans le catastrophisme», tempère Jean-Marc Huissoud, coorganisateur du festival et professeur de géopolitique à la Grenoble Ecole de management.
Il faut tout de même dire qu’entre d’éminents chercheurs, à l’instar de Mme Guibourg Delamotte, spécialiste de la société japonaise, ou encore Dominique David, directeur exécutif de l’IFRI, chercheur et spécialiste des questions militaires, les participants envoyés par l’ESCA n’ont pas démérité. Deux tables rondes, une sur les énergies renouvelables et l’autre sur les enjeux de la gouvernance financière mondiale, ont fait salle comble. Les deux sujets sont au cœur de la réflexion dans une époque malmenée par une dure crise financière et une mondialisation galopante, se traduisant notamment par un déficit de la balance courante américaine, une anémie du taux d’épargne américain et une inadaptation du taux de change. Qui de la Chine, des USA ou de la Zone euro aura son dernier mot dans cette gouvernance financière mondiale ? Une chose est sûre : «Une réforme du système monétaire est plus que jamais nécessaire, et sa régulation devient incontournable», considère Driss Benali, professeur d’économie au Maroc. Mais il écarte d’emblée que cette gouvernance soit l’œuvre de la Zone euro, car les pays européens sont divisés et leurs voix discordantes. Reste la Chine et les USA : tout dépend de qui remportera la guerre économique, et plusieurs indices montrent que la Chine, avec ses 8% de croissance, a suffisamment d’atouts pour peser de tout son poids sur la future monnaie de change.
Que ce soit du côté de l’ESCA Maroc ou de celui de l’Ecole de management de Grenoble, l’intérêt que portent les étudiants pour ce type de thèmes est indéniable, et les étudiants marocains venus de Casablanca faire leur master dans le cadre d’échanges entre les deux écoles supérieures ne font pas exception. Le campus de l’école grenobloise n’a pas désempli pendant les quatre jours qu’a duré ce festival.