Carrière
Comment un senior peut commencer une nouvelle vie professionnelle
Les seniors font souvent les frais de certains préjugés sur l’à¢ge, les problèmes de reconversion et les prétentions salariales.
Pour retrouver un emploi salarié, ils doivent avant tout mettre en avant leurs compétences et leur dynamisme.
Se mettre à son compte n’est pas plus facile, beaucoup ont fait fausse route pour ne pas s’être bien préparé.

Retrouver un emploi à 50 ans ou même 45 ans n’est pas une sinécure. «Quand on approche de l’âge de la retraite, il est difficile de se replacer ailleurs. J’en ai fait l’expérience. Mon ancienne entreprise voulait rajeunir ses effectifs et m’a forcé à partir. Sur le marché de l’emploi, il est rare de voir une annonce pour des profils de 40 ans et plus. Pour autant, je n’ai pas baissé les bras. Après une longue réflexion, je me suis lancé dans une nouvelle vie professionnelle», témoigne Mohamed K., assureur reconverti dans l’intermédiation. Le très faible taux de chômage des personnes âgées de plus de 45 ans (2,3% contre 9,6% au niveau national) cache donc une toute autre réalité. Ceux qui se retrouvent au chômage suite à un plan social, ou pour une autre raison, n’ont, en général, pour toute solution, que de prendre la même voie que notre assureur si, toutefois, ils ont des compétences solides dans leur domaine d’activité. «Le problème ne se pose pas pour les hauts cadres. Eu égard à leur riche expérience, ils arrivent toujours à se placer ailleurs, même à 60 ans. Ce sont surtout les cadres intermédiaires ou ceux qui n’ont pas pu développer leurs compétences qui ont du mal à retrouver un emploi». Mais en général, pour pourvoir un poste vacant, les entreprises optent souvent pour un jeune qui aura moins de mal à entrer dans le moule qu’une personne d’un certain âge qui a un vécu et peut s’arc-bouter sur ses certitudes. En outre, les prétentions salariales d’un senior sont toujours plus élevées compte tenu de son expérience et du désir de maintenir son niveau de vie. D’ailleurs, il y en a qui se résolvent à rester au chômage en espérant une offre alléchante, considérant une baisse de salaire comme un aveu d’incompétence.
Pourtant, il y a des entreprises, les petites et moyennes en particulier, qui ne demandent qu’à profiter de l’expérience de ces seniors. «Elles ont besoin de personnes opérationnelles parce qu’elles n’ont ni le temps ni les moyens financiers pour former des recrues», explique Siham Alaoui, consultante RH au sein du cabinet Convergence Conseil. Elles n’ont pas les moyens financiers pour former ; elles ne casseront pas non plus leur tirelire pour recruter un gros calibre. Au demeurant, un cadre senior qui veut se relancer après un coup dur est tenu d’abord de faire des efforts sur le plan de la rémunération, qu’il ait affaire à une PME ou à une grande entreprise, si une opportunité se présente. Justement, au moment d’évoquer les prétentions salariales, il faut qu’il veille à faire valoir son adaptabilité avant tout. Il est possible de montrer qu’on peut revoir son salaire à la baisse en mettant en avant son intérêt pour le poste et l’environnement professionnel, avec, bien sûr, la perspective d’évoluer à terme.
Mais avant d’en arriver à ce chapitre qui clôt habituellement un entretien d’embauche, «il faut commencer par ne plus présenter l’âge comme un handicap mais plutôt comme un gage d’expérience», souligne Siham Alaoui. Pour mettre toutes les chances de son côté, le candidat doit privilégier ses compétences en expliquant en quoi son intervention peut constituer une valeur ajoutée pour l’entreprise.
S’il postule pour une fonction précise, il lui faut montrer en quoi ses expériences passées, aussi bien techniques (maîtrise du métier) que managériales, peuvent aider l’entreprise à la réalisation de la mission pour laquelle il est sollicité. En somme, il faudra savoir bien se vendre vu les préjugés même si, paradoxalement, nombreux sont les patrons qui ne tarissent pas d’éloges sur les seniors quand ils évoquent le jeunisme qui est en train de gagner le milieu professionnel.
L’âge n’est pas une fatalité
L’alternative à l’emploi salarié consiste à se mettre à son compte, à l’instar de Mohammed K. et bien d’autres anciens cadres du privé et du public. Mais la réussite est loin d’être garantie. On en a vu qui ont dépensé leurs indemnités de départ dans des projets hasardeux.
Comment alors éviter les pièges ? Rebondir sur de nouvelles bases suppose d’abord un effort physique et psychologique. En clair, comme pour toute création d’entreprise, il convient de bien se préparer, de s’armer de patience et de s’assurer que les moyens financiers dont on dispose sont suffisants pour se lancer. En effet, les difficultés augmentent proportionnellement avec l’âge quand il s’agit d’aller convaincre un bailleur de fonds de soutenir le projet. Par exemple, les sociétés de capital-risque sont très regardantes sur ce critère, même si celui-ci ne détermine pas leur décision. Quant aux banquiers, ils «se montrent stricts en toute circonstance, sauf si vous leur présentez toutes les garanties nécessaires», souligne un entrepreneur quinquagénaire.
Il est également utile «de commencer dans un domaine que l’on maîtrise», conseille Mohamed Boutaleb, qui gère son cabinet d’audit et de formation, après avoir été directeur financier d’un grand groupe. Autrement dit, éviter de se lancer dans des activités, tout simplement parce qu’elles paraissent lucratives. Dans ce cas, une mauvaise surprise est souvent en bout de course. Bref, vivre une nouvelle vie professionnelle est possible surtout lorsqu’on a des idées claires et un projet viable. L’âge n’est pas une fatalité.
