Choisir un consultant : Avis d’Abdellah El Jout, Consultant

«Plus le client sait ce qu’il veut d’un consultant, plus les résultats sont meilleurs»
Ancien DRH et aujourd’hui consultant, Abdellah El Jout dresse le profil type d’un bon consultant.
Depuis quelques années, on a assisté à la multiplication des cabinets de consulting, quelle analyse faites-vous des acteurs de la place ?
La création des cabinets de conseil a connu une nette accélération ces dernières années au Maroc. Ceci est dû à plusieurs paramètres, dont certains sont culturels. Le fait de faire appel à un consultant n’est plus perçu comme un tabou, car jadis c’était considéré comme synonyme d’incompétence des équipes dirigeantes en place. Il faut aussi noter que l’opération de départ volontaire des cadres de l’administration publique a été un facteur non négligeable dans la multiplication des cabinets, beaucoup des ces jeunes retraités ont trouvé dans le conseil un moyen de prolonger leur activité professionnelle. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que le changement de gouvernement génère souvent de nouvelles commandes publiques en conseil et crée par conséquent un réseau clientéliste de consultants au service des nouveaux décideurs, un système classique au point que certains cabinets sont devenus des annexes des ministères. Il convient de préciser que le marché du conseil au Maroc est maintenant mature et, à ce titre, il connaît donc l’installation de cabinets internationaux.
En ce qui concerne le paysage global, il y a une grande disparité entre les acteurs du conseil au Maroc. Ceci va de la création d’une activité d’auto-emploi à des cabinets dotés des dizaines d’experts bien organisés travaillant au sein d’organisations structurées et détentrices d’un réel savoir-faire utile à l’économie. Nous constatons donc que le développement des cabinets résulte à la fois d’une demande du marché, mais aussi d’autres facteurs selon une logique opportuniste de proximité avec les décideurs et les pouvoirs publics.
A quoi reconnaît-on un bon consultant ?
La question est pertinente, car tout dirigeant d’une entreprise se pose une telle question à un moment donné. De ce fait, il n’est pas aisé de donner une réponse rapide et tranchée. Il est utile de rappeler que sur le plan juridique, le consultant est lié à son client par un contrat de services ou un cahier des charges. A ce propos, le bon consultant est celui qui obtient de bons résultats pour satisfaire la demande. Cependant, une remarque s impose. Plus le client sait ce qu’il veut d’un consultant, plus les résultats sont meilleurs.
Il y a maintenant des critères partagés par les professionnels qui définissent a priori le profil d’un bon consultant: l’expertise du métier ou du secteur, l’esprit d’innovation et la faculté à accompagner le client pour l’amener à choisir une solution adaptée à ses besoins. Il existe toute une littérature pour tenter de répondre à cette question, mais il me semble qu’il y a trois champs de compétences sur lequel un consultant doit être jugé, et ce, indépendamment de l’expertise :
– La résolution de problèmes (problem solving).
– La gestion du projet.
– La relation clients.
Ces compétences sont une réelle matrice pour extraire des indicateurs et critères d’appréciation d’un consultant.
D’après votre expérience, comment avez-vous vécu votre passage de DRH à celui de consultant ?
Ce passage a été relativement facile pour moi, car j’étais préparé sur le plan intellectuel pour faire cette transition professionnelle. Je savais que je devais à un moment faire ce pas, il y a eu certes un effort d’adaptation au nouveau métier, mais ceci n’a pas été très important. J’ai surtout appris à mieux rédiger les rapports, perfectionner l’écriture des notes méthodologiques des offres techniques et gérer efficacement mon temps. Ce sont là, entre autres, trois sérieux exercices pour un consultant qui démarre. En tant que DRH, je donnais des consignes pour réaliser le travail, par contre, en tant que consultant je dois proposer des solutions au client, c’est toute la différence. Je vais profiter du fait que je suis actuellement responsable d’un Master exécutive RH au sein d’une université privée, pour mettre en place des cycles certifiant de formation afin d’exercer les métiers de conseils.
Vous comptez éditer un guide des consultants, de quoi s’agit-il exactement ?
Le lancement d’un guide des cabinets de conseil répond à un besoin précis actuellement du marché. L’idée est simple, il faut mettre à la disposition des décideurs au Maroc un outil efficace pour les aider à choisir un consultant dans le domaine de compétence recherché, et selon des critères précis. Le guide contient des modèles de contrats de services, des conseils pour gérer la relation avec un consultant et d’autres conseils utiles.
Au sein du guide les cabinets sont répartis selon les principaux métiers : ressources humaines, stratégie, organisation, etc. Il donne les coordonnées des cabinets, les noms de dirigeants, les domaines d’expertises avec précision et le nombre de salariés. Le guide devait être lancé il y a un bon moment, mais il fallait trouver un moyen de financement pour couvrir à la fois les frais d’édition et surtout ceux de la commercialisation. Le prix de vente va être très accessible, car nous comptons plus sur les insertions de publicités. Nous avons profité de l’expérience d’une revue internationale spécialisée en management pour concevoir ce guide de conseil.