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Au Royaume

Warning

En l’espace d’une semaine, le Haut commissariat au plan a sorti deux rapports sur l’emploi qui viennent comme un warning à prendre cette fois-ci très au sérieux : en matière d’emploi, le Maroc est mauvais sur toute la ligne aussi bien en quantité, c’est-à-dire en termes de volume d’emplois créés, qu’en qualité, et c’est davantage plus inquiétant.

Publié le

Edito Saad Benmansour

Pour le premier document, qui retrace les statistiques définitives sur la création d’emplois durant toute l’année, et comme l’on pouvait s’y attendre, 2016 s’est achevée sur une nette perte. En un an, 126000 emplois ont été créés et 163000 ont été détruits, soit une perte nette de 37000 emplois. Une telle catastrophe était, en fait, prévisible, puisque ce processus de destruction massive de l’emploi était en marche depuis le début de l’année: 13 000 à la fin du premier trimestre, 26 000 à la fin du deuxième et 73000 à la fin du troisième. Il aurait fallu un miracle pour que la tendance soit renversée au dernier trimestre.

Le deuxième document du HCP, rendu public en début de semaine, donne, quant à lui, un aperçu sur la qualité de l’emploi au Maroc. En résumé, ces chiffres officiels nous disent que l’emploi au Maroc est fortement précaire, pas forcément durable, non organisé, peu qualifié, pas du tout protégé sur le plan social et légal et, dans certains cas même, non rémunérateur. En somme, un semblant d’emploi sans plus, pour ne pas dire du bricolage. Naturellement, le gouvernement étant l’incarnation même des politiques publiques, il ne peut pas échapper à sa responsabilité. Si toutes les politiques publiques, les nombreux programmes initiés et les actions de l’Etat finissent par ne rien donner, c’est qu’il y a un sérieux problème, soit au niveau de la conception de ces politiques, soit au niveau de leur mise en application.

Mais il est tout aussi vrai que l’Etat ne peut en aucun cas être tenu pour seul responsable de cet échec. Il y a aussi les employeurs eux-mêmes. Car, quand bien même l’Etat réaliserait des infrastructures pour encourager l’investissement et décréterait des mesures incitatives en faveur de l’emploi, il est impossible de vérifier ni de contrôler si les centaines de milliers d’entreprises, grandes, moyennes et petites, respectent leurs obligations sociales. Il est tout aussi impossible que l’Etat, hormis la fixation du Smig, puisse intervenir sur le niveau des salaires dans le privé.

Dans la boucle, il y a aussi un autre acteur de taille qu’on oublie : les syndicats. Mais ces derniers, depuis quelques années, réduisent leur rôle au dialogue social en mettant tout le paquet sur les augmentations de salaires qu’ils n’obtiennent pas toujours et en oubliant tout le reste comme la couverture médicale, la retraite, les assurances de travail…

Dans l’immédiat, ce n’est certainement pas de ce dialogue social stérile que le pays a besoin. Pour créer des emplois suffisamment en nombre et de bonne qualité, le Maroc a besoin d’un véritable pacte national qui engagerait tous les acteurs sans exception, dans l’intérêt de tous.

Com’ese

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