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La théorie de la naissance future d’un parti du Palais ne tient pas la route. Arrêtons de diaboliser.

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La création par Fouad Ali El Himma, avec un rassemblement de personnes d’horizons différents, d’un «Mouvement de tous les démocrates», n’a pas fini de créer des remous. On a pu lire çà et là, à travers des annonces d’hommes politiques, que cette initiative était une véritable attaque contre la démocratie ; on a également fait le parallèle avec les conditions qui ont donné naissance, il y a plus de 40 ans, au Front pour la défense des institutions et de la constitution (FDIC) pour expliquer que le Palais voulait contrôler le jeu politique ; on a encore invoqué les conséquences qui ont découlé de la création du RNI, en 1979.
Visiblement, ce mouvement dérange et pas seulement la classe politique : en filigrane, l’on craint de voir émerger un parti du Roi. Une impression renforcée par la proximité de l’ancien ministre délégué à l’intérieur avec le Souverain.
Poussons le raisonnement jusqu’à la limite. Demain, Fouad Ali El Himma crée effectivement ce parti que l’on soupçonnerait d’être affidé au Souverain. En toute logique politique, un tel instrument n’aurait de sens que s’il permettait de contrôler l’un des leviers de l’action institutionnelle, soit le Parlement soit le gouvernement. Dans les deux cas, ce contrôle est impossible. D’une part, il faudrait que ce parti ait à lui tout seul une majorité ou presque pour pouvoir changer le cours des choses au niveau de l’hémicycle, d’autre part, il faudrait qu’il fasse partie des formations majeures constituant l’exécutif pour espérer contrôler l’action gouvernementale, ce qui n’est pas le cas. Quant à ceux qui arguent que l’objectif se joue sur le moyen terme, ils savent bien que la manipulation du scrutin dans le Maroc de 2008 est une mission impossible au vu des nombreux garde-fous légaux. Reste alors l’hypothèse d’un succès voulu par les électeurs. Cela s’appelle volonté populaire démocratique et rien à redire là-dessus.
Plus prosaïquement, ce que propose ce «Mouvement de tous les démocrates», c’est tout simplement d’aller sur le terrain écouter les gens, d’accorder les politiques décidées à Rabat et Casablanca avec les besoins réels des populations dans les régions éloignées, de lancer le débat sur cette proximité politique qui nous fait cruellement défaut, et qui nous a valu 37% de taux de participation aux élections. C’est cette intention qui est diabolisée parce qu’un certain Fouad Ali El Himma a lancé l’idée. Quelqu’un a-t-il une alternative à proposer ?