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Au Royaume

Usines à gaz

La nouvelle vague de sanctions à l’encontre de hauts fonctionnaires démontre, s’il en est besoin, le caractère irréversible de la nouvelle dynamique voulue par le Souverain en matière de gestion des affaires publiques.

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Edito Saad Benmansour

Une dynamique construite sur une nouvelle doctrine axée sur des notions comme la performance, l’efficacité et la qualité du service rendu aux usagers, qu’ils soient de simples citoyens ou des entreprises, l’engagement et l’obligation de résultats, le tout bouclé, bien entendu, avec la nécessaire reddition des comptes.

La réforme des Centres régionaux d’investissement (CRI), qui se déclenchera dans les jours qui viennent, sera inscrite probablement dans cette même nouvelle logique. Mais en même temps, l’évolution de ces centres, depuis leur création en 2002, retrace parfaitement les ratages de notre administration. Car, sur papier, et au vu de l’énoncé de leur mission au moment de leur création, les CRI étaient un excellent outil au service de la création de l’investissement et donc, in fine, de la création d’emplois et de richesse. Sauf qu’entre-temps, notre administration s’est égarée dans ses interminables labyrinthes bureaucratiques en perdant plus de temps sur des questions de formes et de protocole comme de savoir qui commande les centres, de quelle tutelle relèvent leurs fonctionnaires, à qui ils reportent et bien d’autres d’ordre subsidiaire. Ce faisant, les CRI se sont retrouvés pris au piège et, parfois, à cause de ces querelles, privés d’une visibilité claire de leurs missions, sans parler des budgets et des moyens matériels qui ont pâti et fait défaut.
C’est dire que dans le cadre de cette nouvelle réforme, l’une des questions cruciales qu’il faudra régler en premier et de manière ferme concerne la gouvernance des CRI.

C’est très souvent une question à laquelle le législateur ne prête pas attention mais qui est décisive dans la réussite d’une réforme institutionnelle. La toute jeune expérience des régions est là aussi pour en témoigner. Notre classe politique, élus, partis, hauts responsables, a déjà consommé plus de deux ans à fabriquer une véritable usine à gaz. Mais combien de régions parmi les douze que compte le Maroc sont véritablement opérationnelles? Combien de nos concitoyens aujourd’hui savent de quelle région ils relèvent ou connaissent le programme de développement de leur région pour les cinq années à venir ou ne serait-ce que les locaux où se trouvent les responsables de leur région ? Probablement très peu. Et ce n’est pas étonnant parce que, une fois de plus, depuis deux ans, les élus et autres responsables des régions ont passé le plus clair de leur temps à des tâches de bureaucrates, en région ou à Rabat, au lieu d’aller sur le terrain et de s’acquitter de leur vraie mission : développer le territoire en concertation avec les citoyens, les ONG, les entreprises et tous les acteurs concernés…