SUIVEZ-NOUS

Au Royaume

Une start-up nation inspirée et inspirante

Des sociétés marocaines sont écartées de marchés au profit d’opérateurs étrangers, qui eux-mêmes finissent par sous-traiter la réalisation à des entreprises marocaines…

Publié le


Mis à jour le

Le pari a été fait il y a près d’un demi-siècle… Israël décide d’investir pas moins de 10% de son PIB dans la recherche & développement. Et en trois décennies, le secteur de la high-tech était prêt à jouer dans la cour des grands, à l’heure où le capital investissement devenait en vogue. Les innovations dans divers domaines (agriculture, santé, fintech…) ont permis l’émergence d’une véritable Start-up nation, vitrine d’une économie israélienne qui compte désormais près de 10.000 start-up contribuant à hauteur de 17% de la valeur ajoutée créée par le pays. Le mode d’emploi est des plus pragmatiques et des plus efficients. Plutôt que d’accorder des aides publiques à tout-va, de financer des fonds d’investissement ou des incubateurs qui se tournent les pouces, ils ont opté pour une approche d’encouragement de l’innovation par l’octroi de marchés. Un ministère dédié à la science et à la technologie sonde l’ensemble des départements pour déterminer leurs besoins. Lesquels sont rendus publics de manière à orienter les entrepreneurs et à les guider en matière de recherche & développement.Les candidats sélectionnés sont accompagnés à travers un financement pouvant atteindre les 80%, accordé par l’Autorité israélienne de l’innovation. De quoi rassurer des investisseurs privés déjà alléchés par un potentiel premier marché public, une sorte de sésame qui ouvre la voie à toutes les opportunités dans les quatre coins du globe.

Le Maroc a tout à gagner à s’inspirer d’un tel modèle. Aujourd’hui que l’Administration cherche à se digitaliser, ce sont des milliards de dirhams qui seront injectés dans des solutions numériques. On peut voir le nombre d’opportunités qui défilent à travers les annonces de marchés publics. Mais jusque-là, personne n’est en mesure de dire d’où proviennent les solutions et encore moins la part du sourcing local dans ce domaine. Rien que dans le secteur de l’informatique, il est de notoriété publique que des sociétés marocaines sont écartées des marchés au profit d’opérateurs étrangers, qui eux-mêmes finissent par sous-traiter la réalisation à des entreprises marocaines, quand ils ne débauchent pas à tour de bras des ingénieurs du bled qu’ils facturent aux clients au prix fort. Et là encore, on ne parle que de transformation digitale, de «low-tech» comme l’appellent les professionnels du capital-risque, une niche qui peut se heurter à un plafond de verre en termes d’opportunités et de financement. C’est ce qui vaut au Maroc de ne réaliser pas plus de 24 millions de dollars en capital investissement en 2022, à l’heure où Israël a mobilisé 1000 fois plus une année auparavant. Et pour cause, la «deep-tech», la technologie de pointe plus attractive et plus rémunératrice pour les investisseurs, reste embryonnaire au Maroc, car amorcée par de rares fonds, notamment ceux adossés à OCP Group.
L’innovation est pourtant la clé pour l’éclosion d’une galaxie de start-up qui pourraient constituer une richesse future. Et l’innovation ne tombe pas forcément du ciel, avec une idée de génie. L’innovation se travaille avec persévérance et à coup d’investissements dans la recherche & développement. C’est également ainsi que naissent ces sociétés technologiques valorisées à plus d’un milliard de dollars, les licornes comme on les appelle. Au Maroc, les licornes resteront des créatures mythologiques tant que le pays ne mise pas gros sur la recherche & développement. D’ailleurs, une autorité de l’innovation ne serait pas de trop dans notre paysage institutionnel, jonché d’autorités de tout genre…