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Au Royaume

Une hausse digeste

Entre 1999 et 2010, l’Etat a dépensé 136 milliards de DH en charges de compensation dont une grosse partie liée au pétrole. Jusqu’à  quand un soutien de cette ampleur ?

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Faut-il augmenter le prix du carburant ? A une question aussi frontale, le gouvernement ne prendrait pas le risque de répondre par l’affirmative. Du moins pour le moment, car au rythme où le cours du baril évolue, il faudra bien se résoudre à prendre une décision douloureuse. Soit répercuter une partie du surplus par rapport au prévu sur le consommateur, soit encore une fois s’échiner à trouver les ressources pour continuer à soutenir des prix «anormalement» bas. Mais jusqu’à quand ?

Pour la deuxième année consécutive, la prévision du cours du baril retenue dans le Budget est de 75 dollars, et pour la quatrième année de suite le prix de l’or noir s’inscrit largement au-dessus de ce qui a été prévu. En 2011, nous ne terminerons peut-être pas l’année avec une moyenne de 94 dollars, mais certainement pas à un niveau de 75 dollars. De fait, mis à part le pic exceptionnel de 2008, dû à la surchauffe mondiale, le pétrole est dans une tendance haussière depuis plus de 5 ans et l’accroissement de la demande, combiné à une production de plus en plus limitée, ne peut mettre la pression sur le marché. Le Maroc continuera-t-il à soutenir indéfiniment les prix et surtout continuera-t-il à le faire avec cette ampleur ? Entre 1999 et 2010, les charges de compensation ont coûté au Maroc quelque 136 milliards de DH dont les deux tiers sont allés au seul soutien du prix des carburants. 18 milliards de DH en 2010, selon les dernières estimations, pas loin de 30 cette année…, la compensation est devenue au fil du temps une charge qui dépasse les 10% du Budget de l’Etat ! Anormal, surtout quand on sait qu’elle profite aveuglément aux riches comme aux pauvres.

En février 2009, dans un contexte de surchauffe des produits alimentaires, le gouvernement avait péché par excès d’optimisme en opérant une forte réduction des prix des carburants. Il serait peut-être temps, sinon de revenir à la normale, du moins de couper la poire en deux par nécessité. Nous sommes à 20 mois des élections et plus le temps passe plus il sera difficile au gouvernement de faire ce cadeau d’adieu empoisonné à ses électeurs.

Ceci à court terme. A moyen terme -et avant 2012 SVP- il y a urgence à réformer certains mécanismes de soutien, si l’on n’arrive pas à décompenser totalement. Gasoil professionnel, butane domestique, fuel à destination de la production électrique…, il y a des segments à maintenir, mais également d’autres à supprimer. Mieux vaut cela que de se voir un jour brutalement contraint à une hausse des prix uniforme qui créerait un mécontentement généralisé. La hausse doit être digeste.