Au Royaume
Une commission chargée des fatwas
elle se prononcera sur les questions soumises par le roi
Ilétait temps. Un organisme spécialisé dans l’émission de fatwas sera bientôt opérationnel. C’est le secrétaire général du Conseil supérieur des oulémas, Mohamed Yessef, qui l’a annoncé à l’issue de la session ordinaire de ce conseil, tenue à Rabat le 2 octobre courant.
En effet, l’une des missions de ce conseil est de constituer en son sein une commission chargée de produire des fatwas sur les questions religieuses qui lui seront soumises par le Roi. Nos vénérables oulémas viennent donc d’en adopter le règlement intérieur et l’ont soumis à l’approbation d’Amir Al Mouminine en sa qualité de président de ce conseil.
Il faut dire que la mise en place d’un mécanisme institutionnel était pour le moins indispensable afin d’encadrer un domaine sensible et ouvert à toutes les manipulations ou dérives, parfois les plus ridicules. La fatwa rendant illicite les Pokémon et émise en juin 2001 par l’ancien président du Conseil des oulémas de Rabat-Salé, Abdelaziz Benabdellah, quand Centrale laitière avait décidé d’illustrer ses pots de yaourts avec ces monstres de BD, en est un exemple hilarant.
Cela sans compter que la tendance à la privatisation et à la libéralisation de l’émission des fatwas est bien plus dangereuse et plus pernicieuse. La fatwa était en effet en passe de devenir une fonction libérale alors qu’elle obéissait jadis à une réglementation rigoureuse et à un contrôle très strict de la part de l’autorité religieuse et du pouvoir politique. En témoignent le développement du marché de la cassette religieuse dans nos souks et l’engouement pour les leçons de certaines vedettes de la prédication.
Enfin, il fallait également faire face aux velléités de certains milieux islamistes de s’accaparer les prérogatives des fatwas. Abdelbari Zemzemi, qui avait créé un organisme de fatwas (Dar Al Iftaa), en est un bon exemple
La réglementation des fatwas ? Une bonne chose. N’est pas «alem» qui veut.