Au Royaume
Un quinquagénaire à la tête du RNI
Originaire de Nador, il est décrit
comme un homme discret et de
consensus.
Docteur en économie, professeur
universitaire, il a intégré le RNI en 1982.
Député depuis les années 90, ministre
depuis 9 ans, il a occupé diverses
fonctions au sein du parti.
Son objectif en tant que président
du RNI : plus de démocratie dans
la gestion.

Le suspense quant au choix du président du Rassemblement national des indépendants (RNI), entre les deux Mustapha candidats, Oukacha et Mansouri, aura duré jusqu’à la fin de l’après midi du dimanche 27 mai. Finalement, les 800 membres du nouveau conseil national ont tranché majoritairement en faveur du ministre de l’emploi et de la formation professionnelle, au détriment du président de la Chambre des conseillers, donné favori il y a à peine quelques semaines.
Les congressistes ont-ils été influencés dans leur vote par le clin d’oeil de Ahmed Osman, président depuis la création du parti en 1978, qui, lors de l’ouverture du congrès, parlait de passer «le flambeau aux jeunes militants du parti» ? Le résultat est là : c’est un quinquagénaire qui l’emporte, au détriment du septuagénaire Oukacha. Mohamed Aujjar, lui, a préféré ne pas se porter candidat, pesant sans doute dans le renversement de tendance, puisque son retrait de la course s’est accompagné d’un soutien au nouveau président.
Peu importe, l’impression générale est que jamais le RNI – auquel l’étiquette de parti de l’administration colle encore – n’a connu une ambiance aussi démocratique que ce dimanche. Né en 1953 à Nador, Mustapha Mansouri était encore un jeune homme de vingt cinq ans, et entamait à peine un cycle de diplôme d’études approfondies (DEA) en sciences économiques à l’université de Nanterre à Paris, quand Ahmed Osman et Haddou Chiguer, l’ex-ministre de l’intérieur (entre 1975 et 1977) se concertaient pour la création d’un nouveau parti politique.
La monarchie, pour une question de stabilité et d’efficacité de l’institution législative issue des élections de juin 1977, avait conseillé la création d’une structure qui rassemblerait les 167 députés indépendants (sur les 260 que comptait la Chambre des représentants) élus sous l’étiquette de «sans appar tenance politique» (SAP). La législature (1977- 1983) venait de démarrer, il fallait bien souder une majorité parlementaire pour soutenir le gouvernement présidé par Ahmed Osman,
Premier ministre. Quelques mois plus tard, le RNI était né, dont Osman serait président sans discontinuer jusqu’au 27 mai 2007. Mansouri, alors étudiant en doctorat de troisième cycle à la Sorbonne, était loin de ces péripéties de l’histoire politique du Maroc. Il ne tardera pas à s’y mettre une fois de retour à Rabat, alors qu’il entamait, en 1981, une carrière de professeur à l’université Mohammed V de Rabat.
On le décrit comme un homme discret, un peu timide, un homme de consensus, selon son entourage. L’homme nourrit aussi une grande ambition politique. Son coeur et sa raison penchent vers le RNI, un parti centriste très proche des milieux d’affaires et du pouvoir. Il intégrera le parti en 1982. Député sous sa bannière à Al Aroui (région de Nador), fidèle à Ahmed Osman, son mentor, lui aussi originaire de l’Oriental (député à Oujda), Mansouri aborde sa carrière politique sur les chapeaux de roues.
Membre du bureau exécutif du RNI, président de son groupe parlementaire à la Chambre des représentants entre 1993 et 1997, Mansouri intègre, à 45 ans, le gouvernement de l’alternance consensuelle dirigé par Abderrahman Youssoufi, en 1998, en tant que ministre du transport et de la marine marchande. Depuis, il ne quittera plus le gouvernement, devenant tour à tour ministre de l’industrie, du commerce, de l’énergie et des mines en septembre 2000. Deux ans plus tard, à la faveur des législatives, il sera nommé ministre de l’emploi, des affaires sociales et de la solidarité. Un portefeuille qui changera avec le gouvernement Jettou II. Mustapha Mansouri garde l’emploi, récupère la formation professionnelle et perd le social. L’emploi ?
Un ministère très éprouvé par l’affaire Annajat, dans laquelle 30 000 candidats au travail ont été floués. Une affaire qui a éclaboussé le ministre, même si la responsabilité en incombe à son successeur. En 2004, alors que plusieurs milliers de victimes de cette affaire ont pu trouver un emploi par le biais de l’Anapec, Mansouri a déclaré, péremptoire, devant la Chambre des représentants : «L’affaire Annajat ne pourra être réglée de manière définitive que sur le moyen et le long termes».
Quid des autres dossiers ? Mansouri peut se flatter d’être à l’origine de deux acquis : l’institution de l’assurance maladie obligatoire (Amo), et le nouveau Code du travail, malgré ses imperfections.
Aujourd’hui à la tête d’un parti qui a vécu des dissensions graves durant des mois entre clans rivaux pour la succession de M. Osman, que fera le nouveau président pour calmer les esprits et, surtout, ressouder un appareil qui était au bord de l’implosion ? Interrogé par un hebdomadaire de la place, à la veille du congrès, M. Mansouri avait plaidé, à l’inverse de son prédécesseur, pour un travail d’équipe. «La présidence du RNI, disait-il, est une lourde charge qui appelle l’implication de tous.
Toute la place sera donnée à la collégialité et à la responsabilisation de chacun ; c’est la somme de tous ces efforts qui donnera une valeur ajoutée au RNI dans le champ politique national.» Après son élection à la tête du parti, dimanche dernier, le nouveau président est resté sur le même discours. A savoir, «faire de la démocratie un moyen de gestion des affaires du parti et ouvrir le champ d’action à tous les militants.» Tiendra-t-il ces promesses ? L’avenir le dira.
