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Au Royaume

Un premier de la classe devenu cancre

Il faut donc croire que le Maroc continuera à accumuler du retard au moment où de nombreux pays sont déjà rentrés de plain-pied dans l’ère du cloud, de la blockchain…

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Se déconnecter devient un luxe ; égarer son smartphone devient une catastrophe ; trouver une connexion devient une obsession…, le monde se numérise, la planète se digitalise ! Même notre vieille bonne administration s’y lance avec la numérisation de ses services. Il le faut bien ! Un pays qui a l’ambition de se développer doit avancer avec son époque. Et son service public doit donner le ton, assurer un accès aux nouvelles technologies d’information à tous ses citoyens.
Le Maroc avait démarré du bon pied dans cette ère digitale. A la veille du troisième millénaire, le Royaume avait profité de l’inflation des licences télécoms pour décrocher son premier milliard de dollars encaissé d’une traite auprès d’investisseurs. Ce montant record à l’époque avait même amorcé la création du premier fonds souverain marocain, le Fonds Hassan II.
Mais surtout, le processus d’attribution de cette licence avait été considéré comme un cas d’école, le bon exemple à suivre. Sauf qu’au fil des années, le Maroc a perdu cette avance en matière de télécommunications.

Détailler les causes et effets de cette inversion de tendance reviendrait à noircir des pages et des pages, mais un mot suffirait pour résumer cette obsolescence numérique du Royaume : RÉGULATION. Celle-ci est du ressort de l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT), dont la création a été révolutionnaire. Mais force est de constater que cette institution n’a pas su faire sa mise à jour, a stagné. Le gendarme du marché a perdu en grade.

Désormais, même les statistiques sommaires du marché télécoms ne sont plus rendues publiques. L’opacité qui règne autour des spectres de fréquences, la confusion autour du prix réel de la data, l’onérosité des redevances pour le déploiement de la fibre optique dans certaines agglomérations et tant d’autres paramètres sont à déplorer. Mais là que le bât blesse, c’est dans le retard technologique accusé par le Royaume dans le déploiement de la 5G.

Celle-ci a déjà fait son entrée dans le continent, mais n’est pas passée par le portail marocain. Pis encore, notre pays n’a pas tenu ses engagements vis-à-vis de ses citoyens et de ses investisseurs.
Où en est-on dans ce fameux Plan national pour le développement du haut et très haut débit (PNHD) ? Qu’a-t-on fait pour préparer le développement d’un écosystème autour de la 5G ? Quoi de neuf du côté de la mise à niveau du cadre législatif et réglementaire pour accompagner les nouveaux usages et technologies ? L’ANRT reste malheureusement aux abonnés absents quand il s’agit de faire le point sur ses orientations qu’elle s’est elle-même fixées dans sa note stratégique couvrant 2020-2023.
Alors que cette échéance approche à grands pas, il n’y a pas le moindre indice qui laisserait espérer un déploiement de la 5G sur les prochains mois. Il faut donc croire que le Maroc continuera à accumuler du retard au moment où de nombreux pays sont déjà rentrés de plain-pied dans l’ère du Cloud, de la Blockchain, du Gigaverse et de l’internet des objets avec ses utilisations multiples, que ce soit dans l’agriculture, la santé, la finance ou les industries. Le jour où l’on se décidera effectivement à franchir le pas, il sera peut-être trop tard. Qui n’avance pas recule, comme dit le proverbe…