Au Royaume
Un ministère hors jeu
Depuis que l’affaire de la taxe d’écran a été médiatisée, le département de la communication s’est illustré par son mutisme. Or, il s’agit bien de la tutelle
L’assujettissement des annonces publicitaires dans la presse digitale, ainsi que dans tout support numérique, à une taxe d’écran de 5%, a soulevé, à juste titre, un grand tollé. Editeurs, annonceurs et agences de communication se sont mobilisés pour convaincre le gouvernement d’abandonner cette taxe inscrite dans la Loi de finances 2018, sans aucune concertation et dont l’impact fiscal se chiffre en quelques dizaines de millions de dirhams. Autrement dit, des broutilles pour les finances de l’Etat, mais avec des conséquences désastreuses sur le secteur.
Le grand absent de ce débat est le ministère de la communication. Depuis que l’affaire a été médiatisée, ce département s’est illustré par son mutisme. Or, il s’agit bien de la tutelle. Elle est dans l’obligation d’agir, de décider, de prendre ses responsabilités sur le dossier et de le défendre auprès des Finances, de la Direction générale des impôts et même auprès du chef du gouvernement, s’il le faut.
Pourquoi défendre ce dossier ? Tout ministre de la communication doit avoir conscience qu’au delà du contenu éditorial, des débats sur la liberté d’expression, des lignes rouges ou vertes, la presse est aussi une entreprise et un modèle économique qui doit être viable et pérenne.
Raison de plus pour que le ministère de la communication agisse, dans la pratique, seules les annonces publicitaires sur les sites marocains seront soumises à taxation ; les médias internationaux, les réseaux sociaux (Facebook notamment) et Google qui captent plus de 80% du marché publicitaire digital y échapperont complètement.
Assister les bras croisés à une fragilisation d’une partie de la presse (pure player ou bimédia) ne peut-il pas être vu comme une forme de complicité ?
Quoi qu’il en soit, les professionnels ont décidé d’aller seuls au combat. Des rencontres sont programmées dans les jours à venir avec la DGI, et éventuellement avec Saâd Eddine El Othmani. D’ici là, le ministère de la communication aura peut-être décidé de s’emparer de ce dossier qui relève indiscutablement de ses prérogative. Nous l’espérons.