Au Royaume
Un jour… en 2010
Un tiers des entreprises allait disparaître faute de mise à niveau. Une bonne partie des PME allait mourir en raison de sa sous-capitalisation…
Pour ceux qui ont eu l’opportunité de suivre de près l’évolution de l’économie marocaine depuis la fin des années 90, cette année 2010 doit ressembler quelque part à un fantasme inachevé. Que de projets ont été annoncés, que de plans gouvernementaux ont été ficelés, que d’investissements faramineux ont été promis et que de prévisions funestes ont fait l’objet de débats fort sérieux où des experts prophètes sont venus démontrer la fin de quelque chose.
Janvier 2010. Nous en sommes où ? Il serait intéressant pour les chercheurs de faire une étude rétrospective sur les promesses et prévisions qui ne se sont pas réalisées.
Prenons un exemple, celui de la mise à niveau. Que n’a-t-on dit sur ce volet-là ? A l’issue des cinq premières années de ce XXIe siècle, on tenait pour acquis que le tiers du tissu industriel marocain allait disparaître par incapacité à évoluer, qu’un deuxième tiers avait les moyens de se mettre à niveau et que le reste était déjà adapté aux changements. Pourquoi un partage si parfait entre trois tiers ? Parce qu’au cours de cette période, un ministre de poids avait donné une estimation vague qui est devenue un postulat. La mise à niveau a-t-elle été menée à bien ? A-t-on surestimé la menace ? Qui sait combien d’entreprises ont disparu effectivement et combien sont restées dans le même schéma productif sans péricliter ? Le cas de l’industrie textile est révélateur. La catastrophe prédite (La Vie éco s’était d’ailleurs engouffrée dans la brèche) n’a pas eu lieu. Aujourd’hui, la mise à niveau est devenue «modernisation compétitive» et consiste plutôt en une assistance technique à des petites entreprises. Autre exemple, celui de la sous-capitalisation des PME. Là aussi, on nous a fait comprendre, et de manière fort plausible d’ailleurs, qu’une bonne part de ces sociétés familiales allait mourir faute de fonds propres adaptés au volume de l’activité. Les banquiers menaçaient de couper le robinet des facilités et le gouvernement s’alarmait et lançait un fonds de restructuration. Combien d’entreprises y ont eu recours ? Peu, au regard des prévisions pessimistes…
Enfin, troisième exemple, celui des 10 millions de touristes promis pour 2010 et des stations du plan Azur. Des prévisions qui ne se sont pas réalisées en raison d’une mauvaise conjoncture et d’un plan d’action au calendrier trop ambitieux.
Pourquoi s’est-on trompé dans ces prévisions ? Sans doute parce qu’on n’a pas tenu compte de plusieurs facteurs : croissance économique dans un cas, assouplissement de l’accès au crédit dans l’autre, capacité d’innovation, crise. Il y a là des leçons à retenir.